Chant Septième

 Dans L'Enfer de Dante

(Résumé : Dante, accompagné du poète Virgile, traverse l’enfer, pour retrouver sa copine Béatrice. Dans le troisième cercle, où tombe une pluie éternelle, ils ont affronté Cerbère, le chien à trois têtes, et discuté avec Cochonnet, un damné florentin. Mais au moment de passer au cercle inférieur, l’affreux Pluton leur barre la route ! Que va t’il arriver à nos deux cocos ?)

-Ah ! Satan ! Satan m’habite, bordel à nouilles ! A gueulé Pluton d’une voix rauque.

Le Sage Sympa qui Sait Tout m’ a encouragé :

-T’inquiètes. Mais fais attention de pas trop te traumatiser, mon Dada, ne regardes pas trop près. L’autre vilain a beau être costaud, il ne pourra pas t’empêcher de descendre.

Et puis il s’est retourné vers le boucan à grosses lèvres.

-Vazy, ferme ta bouche toi, ferme là, la saleté de tes os ! Ronge ton frein en mordant dans ton cul poilu ! Mon poulain doit descendre au fond, donc il descend au fond, point barre, ordre de la direction, t’as pigé ? Là où Saint Michel botte le train des malpolis comme toi !

A ces mots, Pluton s’est dégonflé comme une baudruche, et il est tombé dans le trou en flottant, façon voile de bateau qui se décroche d’un mât brisé.
On est descendu dans le quatrième cercle. C’était de plus en plus lugubre et étroit. On sentait qu’ici tout le mal de l’univers était concentré !
Oh, bonne mère ! Qu’est-ce que j’ai pas vu ici comme nouvelles tortures et tourments ! Ca rigole pas !
Pour expliquer ce nouveau chatiment, il faut s’imaginer des vagues qui se percutent l’une contre l’autre avec force, près d’une cote pleine de rochers coupants. Il y avait vachement plus de monde que dans les cercles précédents. Tous portaient en hurlant de douleur, d’immenses fardeaux hyper lourds. Ils devaient pousser leurs charges avec la poitrine, tout attachés qu’ils étaient. C’était organisé en deux files l’une en face de l’autre, et a chaque fois que deux types se rentraient dedans, ils repartaient en arrière, en se gueulant dessus.

-Pourquoi tu jettes ?
-Pourquoi tu ramasses ?

Comme des débiles, ils faisaient le tour du cercle par chaque coté, en s’insultant, et une fois revenu au point départ, ils recommençaient à se rentrer dedans, à se repousser, et ainsi de suite, à l’infini. Ca me faisait faner le coeur, ce spectacle.

-Maître, et ceux là, c’est quoi ? J’en vois plein qui ont la tonsure, ce sont des moines ?
-Ils étaient tous si aveugle de leur vivant, répondit-il, qu’ils se sont servis de l’argent à tort et à travers. Les uns dépensaient trop, les autres étaient des grippes-sous. C’est pour ça qu’ils se crient dessus à chaque fois qu’ils se rencontrent. Les contraires se repoussent, c’est connu. Les rasés, c’étaient bien des moines, mais aussi des cardinaux, des papes même. Des rapiats, des rats, des avares de première division…
-Mais alors, Maître, si ça se trouve, il y en a que je connais dans le tas.
-Pfff, peine perdue, guapo. Ils se sont tellement obscurcis pendant leur vie, que maintenant, ils sont méconnaissables, défigurés par leur défaut. Ils se cogneront comme des lemmings pour l’eternité. Quand ils ressusciteront, il y en a qui auront les mains crispées, et d’autre qui n’auront plus un poil sur le caillou. En bref, voilà ce qui arrive quand on passe son existence à mal donner ou à mal garder. J’dis ça, j’dis rien… Aïe, mon fils, tu vois, prendre la vie à la lègère, ça ne pardonne pas. Même avec tout l’or du monde, aucun de ces fatigués ne pourrait s’echapper de cet endroit.
-Maître, c’est mal de prendre la vie à la lègère ?
-Evidemment,bourricot ! Ahlala, qu’est-ce que vous êtes crétins, les vivants. Vous êtes tous les même, des ignares profonds, oui, profonds, parfaitement. Ecoute moi : le Boss des Boss, Dieu, Jehovah, Allah, Jésus, Horus, Quetzacoatl, Yggdrasil, Jupiter, Cthullu, qui tu veux, celui à l’intelligence inconcevable pour nous, minuscules bacteries, et ben, cette chose a tout créé avec un fil conducteur, pour que tout fonctionne bien et soit idéalement éclairé, tu me suis ? De même, en ce qui nous concerne, nous, l’humanité, il a nommé quelqu’un pour faire en sorte qu’il y ai un équilibre entre les civilisations. Pour que ce ne soit pas toujours les mêmes les plus puissants. Un coup les sumériens, un coup les egyptiens, un coup les marseillais, par exemple. Je déconne pour les marseillais. Hum. On a beau faire, on ne peut pas s’y opposer. C’est pourquoi c’est la loose à certains moments pour certains pays, et la baraka pour d’autres au même instant. C’est une force discrète comme un serpent dans l’herbe, tchya vu ? Votre savoir de vivants est impuissant contre elle. Elle prévoit tout, sait tout, juge tout, elle fait comme n’importe quel dieu s’occupe de son business, quoi. Elle change tout tout le temps, elle a pas le choix, c’est pour ça qu’il y a sans cesse des événements imprévisibles qui se passent sur terre. Des couilles comme des trucs chouettes. Tu comprends ? Ce qu’on appelle « les aléas de la vie », et que beaucoup n’accepte pas. Au lieu de se plaindre, ils devraient être contents… Bah, elle s’en fiche, d’toute façon. Elle s’amuse avec les anges et s’eclate à s’eclater… C’est pas tout, mais on arrive plus bas. C’est encore pire, faut pas trainer.

Je me suis dit que ça se sentait qu’on était en 1321. On est descendu du cercle en passant près d’une fontaine naturelle, d’où se formait un cours d’eau. Une eau encore un fois sombre et noire… En suivant cette rivière d’égout, on est arrivé à un chemin qui menait au niveau inferieur.
Une fois arrivé au pied d’une pente grisatre bien raide, le triste ruisseau se transforme en un marais, qu’on appelle Styx. Moi, j’ai examiné le bourbier, et j’y ai vu des gens tout nus, plein de merde, l’air super vénère. Ils se tapaient dessus, et pas seulement avec la main, mon pote ! Avec la tête, avec le torse, avec les pieds, les genoux, les coudes, les oreilles. Sans déc, ils se déchiraient en lambeaux, à coups de dents !

-Et ouais… dit mon bon Maitre, ça, ce sont les âmes colériques. Il faut que tu saches qu’en ce moment, il y en a aussi sous l’eau, en train de se fritter. Tu vois les petites bulles partout à la surface ? Ce sont leurs soupirs. Ils sont profondément enfoncé dans c’te fange, a geindre : « bouh bouh, on est trop malheureux, avant, au moins, on voyait le soleil, même si on était bouillant en dedans. Maintenant, on est fond du limon tout noir, bouh bouh, ouin ouin »… Enfin, ils essayent de dire ça, vu qu’ils ont du caca jusqu’au fond de la gorge….

On a fait un grand arc de cercle autour du sale marais, en restant bien sur la rive, en regardant tout ces pauvres bougres et bougresses être engloutis dans les excréments. Finalement, on est arrivé au pied d’une tour…

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