Chant Sixième

 Dans L'Enfer de Dante

(Résumé : en mission pour retrouver sa copine,  escorté par le célèbre poète Virgile, Dante s’enfonce de plus en plus en enfer. Après les adultères du second cercle, où il a retrouvé des cousins, lui et son mentor adoré parviennent à l’étage inférieur. Qu’est-ce que le sort a réservé à nos deux pieds nickelés ? )

 

Quand j’ai repris connaissance, ma vision était encore toute humidifiée par la tristesse, à cause de ce qui arrivait à mes pauvres cousins. J’ai regardé autour, en haut, en bas, derrière, devant. Il n’y avait que de nouveaux sévices et de nouveaux torturés.
C’était le troisième cercle : il y pleut éternellement comme vache qui pisse, d’une flotte froide, lourde, et surtout, maudite. Elle tombe sans fin, partout. A travers la nuit permanente, c’est la drache intensive : grêle, neige, eaux noires. La terre en devient fétide. Pour les submergés coincé ici, il y a Cerbère, le chien à trois tête. Sympa. Avec ses trois gueules, il écorche et dépèce ces malheureux. Détail amusant : la pluie les fait hurler comme des chiens. Souvent, d’ailleurs, on voit les pécheurs se recroqueviller pour tenter de se protéger , en vain.
Sitôt qu’il nous a aperçu, le gros chien mutant pourri est apparu. Il a ouvert grand ses gueules, sans trembler d’un muscle. Sans hésiter, mon Guide s’est jeté au sol, à ramassé une grosse motte de terre, qu’il a aussitôt fourré dans le gosier du monstre. L’autre, comme n’importe quel toutou qui aboie avant de mordre, s’est retrouvé satisfait avec quelque chose à déchiqueter dans les museaux, et de cette façon, on s’est debarrassé de celui qui gueule à en rendre sourdes les ames

On a progressé de façon bizarre, en sautant d’ombre en ombre. En fait, on marchait carremment sur des corps transparents. Ils étaient entassés pêle-mêle, quand soudain, en passant devant eux, il y en a un qui s’est soulevé et qui s’est assis !

-Hé, toi, le touriste , oui, l’ahuri qui traverse ce coin d’Enfer ! Ch’parie qu’t’es même pas cap de me reconnaître ! Indice : t’es né avant que je sois mort.
-J… Je balise un peu trop pour m’en rappeler sur le champ. Je donne ma langue au chat-fernal. Balance donc ton nom, plutot, et la raison qui t’as fait te retrouver dans cet endroit dégueu.
-Ok, ok, ben c’est facile, je viens de la même ville que toi : Florence. La fiorentina, tout ça, Po po po po po po po… Tellement remplie d’envie qu’ça déborde de partout, ça te parle ? Moi, tout le monde m’appelait Porcinet. A cause d’ma gourmandise, je m’suis retrouvé là, écrabouillé d’pluie ! Et chuis pas l’seul. Tout le reste d’ces tristes sires est là pour la même raison.
-Mon pauvre Porcinet, tu m’fait trop de la peine. Elle me pique à en chialer. Grouin, grouin. Mais bon, je me disais… Vu que tu connais ma ville et l’époque à laquelle je vis, tu pourrais pas me refiler deux-trois tuyaux sur comment la situation va évoluer ? Ça commence à faire long, la lutte entre les supporters de l’Empereur (nda : les Gibelins) et ceux du Pape, Blancs et Noirs (nda : les Guelfes)… Ceux-là, même quand ils sont pour la même équipe, ils se mettent sur la tronche.
-Facile aussi : ils vont débattre pendant des heures, ça va finir par dégénerer, les insultes, ensuite les coups, ensuite les morts. La routine dans ce genre d’activité, quoi, j’t’apprends rien… Au final, les Blancs vont mettre les Noirs dehors sans prendre de gants, puis l´club des Blancs va battre de l’aile, et trois ans plus tard, les Noirs vont revenir, gonflés à bloc… Ceux qui sont à la mode maintenant vont quitter l’affiche avant que l’colle soit sèche. Et les gagnants s’ront un bon moment au pouvoir, ils mettront la honte au perdant, même si il pleure. Dur… Y en a bien deux dans le tas qui sont dans le juste, mais personne ne les écoute. C’est la jalousie, le fric et la frime qui ont mis le feu aux poudres, moi ch’te l’dis !
-Roh, allez, balance plus, Cochonnet, tu peux me faire cette petite faveur. Il y avait plein de gens bien vu pourtant, les Farinata, les Tegghiaio… Ils avaient la côte ! Sans compter Jacopo Rusticucci, Arrigo, Mosca… Des noms fameux aussi… Que deviennent-ils ici ? Est-ce qu’ils se la coulent douce ? Où est-ce qu’on leur colle la frousse ? Je serais bien curieux de le savoir.
-Pouah, ils sont au top 100 des pires ames ! Tout au fond du trou ! Si tu descends tout en bas, il y a de forte chance pour que tu les vois ! Fais leur coucou de ma part. Maintenant, je la boucle.
Là, il a fait une espèce de grimace, m’a regardé un peu, puis a baissé la tête, avant de se refondre avec les autres cadavres.
-C’est fini pour lui, m’a dit mon Guide. Il ne se reveillera que quand les trompettes du jugement dernier lui soufflerons dans les oreilles, tu vois le truc, quand les morts sortirons de la tombe, que tout le monde redeviendra chair, avec pour toile de fond tonnerres, éclairs, tremblements de terre, volcans en éruption, explosions de caniches… L’Apocalypse, quoi ! Ba, ba, ba…

C’est de cette manière qu’on a poursuivit la traversé du bourbier d’ombres. Sous une pluie battante. On s’est mis a parler de l’avenir, Virgile et moi.
-Maitre, après la fin des temps… Pour ces gens… Ce sera pire ? Ou moins ? Ou pareil ?
-Crois ce que tu veux, fils. Plus l’être est parfait, plus ses sens sont fins, et plus il sent à la fois le plaisir et la douleur. Ces maudits de leur race, là, c’est pas demain la veille qu’ils seront parfaits, mais ils se disent qu’ils le seront peut-être un petit peu plus après.

On a parlé de plein d’autres trucs, sur la route, mais ça ferait trop de le répéter. La route descendait en tire-bouchon. C’est là qu’on a trouvé Pluton, l’ennemi mondial numéro un…

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