Feuilleton à l’arrache 205 épisode 9

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(Résumé : ça y est, le navire contenant la fameuse cargaison de cobayes psychédéliques va arriver au port. Tout le monde est prêt. Il va y avoir de l’action !)

-Vous êtes en place pour le déploiement ?
-Oui, inspecteur Fergusson
-Vous avez enclenché la cassette ?
-L’ouverture du barbier de Séville, affirmatif. Elle est prête à jouer.
-Parfait.
-L’inspecteur Massey ne vient pas ?
-Non. Il est à son cours de taxidermie. De toute façon, on ne l’a jamais vu depuis le début de ce feuilleton. Ça doit être une sorte de gag récurrent. N’oubliez pas, on attend qu’ils débarquent les caisses, ensuite on se vide les cuys… Bon, on va y aller, il est bientôt onze heure, appuyez sur play.
-Ok chef. *clic*
-J’ai longtemps rêvé de cet instant… Allez, go, go, go !
Sur la pointe des chaussures, le peloton de policiers, déguisés en dockers, en containers et en bittes d’amarrage, se déploie sur le quai.
-Plus vite, plus vite ! Les bittes, sortez vous les doigts du cul !
Dans un froufroutement d’acier et de caoutchouc, tous le monde se met en place. Le calme de la nuit vient se poser à nouveau. Rien ne bouge.
-Le bateau est en retard, il est presque minuit. Pfff, ce costume pèse une tonne… ronchonne Fergusson, lui même déguisé en ancre de marine.
Le temps passe… Les mouettes se moquent des hommes, et la lune perce un nuage comme une balle un volant. Minuit.

*TOOOOT TOOOOOOOT*

-Ça y est, ils sont là.
Le Bourguigñon, majestueux de lenteur, approche du port. C’est un énorme paquebot rouillé, qui porte bannière péruvienne. La tension monte dans les nerfs des policiers, au fur et à mesure que l’immense proue grossit vers le quai, et que le bruit des vagues qu’elle divise augmente.
-Attendez mon signal, les filles.
Dés que le navire est à longueur de cordes, et que l’on voit les marins qui s’agitent sur le pont, sort d’une casemate une floppé de trafiquants, facile à reconnaître, car ils portent tous un loup noir et un t-shirt avec leur numéro de matricule. Au même instant, un dizaine de grosses voitures noires se pointent et se garent : les mafieux. Ils ne sont pas forcément tous en costume, mais tous ont un borsalino vissé sur la tête.
-Pergili n’est pas là… Il a envoyé Jovi. Tant pis, ce sera un gros coup de filet quand même. Il est bon, Jovi. À attraper, je veux dire.
Les syndicats du crime se serrent la main par représentants respectifs, puis le ballet des caisses commence. Les trafiquants montent à bord, font descendre une passerelle par le sabord d’un pont inférieur, sur laquelle ils font rouler les caisses jusqu’au quai. La, ceux qui sont au sol les amène devant le groupe dirigé par Jovi, et les entasse devant eux.
-On y est presque. Encore quelques secondes, et l’opération Cuys on the table va commencer. Tenez vous prêts à intervenir.
Soudain, un des malhonnête renverse une caisse au moment de la récupérer. Elle s’ouvre sur le quai. Horreur ! Des milliers de petits cuys en sortent, qui se mettent à se balader de ci de là, avec leurs boubouilles ahuries.
-Oh, qu’il est mignon, dit un trafiquant en ramassant un des plats du jour qui trottine à sa portée. Aussitôt qu’il l’a dans la main, il est pris de convulsions et de tremblements de plus en plus violent. La bave au lèvres, le sourire en coin, il semble contempler quelque chose qui le rend extatique.
-Raaaah ! Lovely…. Puis sa tête explose façon pastèque dynamitée de l’intérieur *sprutch*
Tout de suite, c’est la panique. Les margoulins de toutes confessions sortent les flingues, pour exploser les cuys qui, en manque d’affection, cherchent immédiatement à se frotter contre eux.
-Arrière *pan! pan!* oh non *pan!* il y en a trop ! Ils nous submergent ! *pan!* Aaarrrggh… Lovely. *sprutch*
*sprutch*
*sprutch*
*sprutch*
-Par le sacré numéro de ce texte à l’arrache , c’était pas prévu ça ! s’affole Fergusson. Vite, vite ! Cuys on the table ! Cuys on the table ! Pas de quartier ! Feu à volonté !!!
Les policiers tombent leur déguisements, sauf quelques bittes qui restent coincées, et foncent dans le tas, tirant à tout va avec leur armurerie potagère, patates, carottes, chou-fleur. Fatale erreur.
Les cuys, loin d’être neutralisés, se jettent avec avidité sur ce festin inattendu. Hélas, il est minuit passé, ce qui a pour effet de les transformer en cuymlins, encore plus psychotropes et câlins. Leurs réflexes améliorés les rendent beaucoup plus difficile à toucher. Ils filent comme des fusées faire des bisous à tout le monde. Force de l’ordre et truands sont obligés de faire équipe pour tenter d’arrêter le flot.
-Mais y en avait combien dans cette caisse ?
-Arrêtez ! Laissez les enfants du grand Capybara en paix !
Au pire moment, les adorateurs de la secte des cochons d’indes interviennent, mettant un petit peu plus de chaos dans la bataille. Ils se jettent au milieu du champ de tir, pour toucher des cuys et connaitre l’Extase Finale.
-Gloire à toi, cuy sacréééraaaahhh ! Lovely. *sprutch*
*sprutch*
*sprutch*
*sprutch*
-Nous sommes perdu, ils sont trop puissants ! Repliez-vous ! Repliez-vous ! hurle en vain l’inspecteur dans son talkie-walkie.
Pour parler vulgairement, c’est un bordel sans nom. Les rares survivants glissent sur la patinoire de cervelles explosées qu’est devenu le quai. Nombre d’entre eux implorent la pitié, demandant aux bestioles de les épargner, mais tout n’est que cris d’agonies, tripes en vrac, et cobayes énamourés. *sprutch*
-Repliez-vous !!!!
*Froutch*
Soudain, il se met à pleuvoir. Une drôle de trombe, comme une averse d’été. Les gouttes sont lourdes, collantes, d’une odeur de fer prononcée. Le plus bizarre, c’est qu’elles sont rouges.
-Mais, mais, c’est du sang ! s’étonne l’inspecteur .
Il leve le nez en l’air, et des hectolitres d’hémoglobine s’abattent sur sa tronche *sflash!* Son costume d’ancre absorbe la gluance, il ressemble a une pauvre courgette trop cuite.
-Oh non ! Les cuys vont me…
Mais il n’y a plus un cuy en vue. Quelques larmes écarlates éclaboussent des flaques du même jus. Il n’y a plus personne sur le quai, si ce n’est un type maigrichon dans un cache-poussière, un pied posé négligemment sur une caisse, entouré de cadavres sans tête de fanatiques, de policier, de trafiquants et de mafieux. Il ressemble à un épouvantail.
-Smash ! s’écrie Fergusson
-Smash ! s’écrie Jovi
-Smash ! s’écrient les trafiquants, Roudoudou et Sparadrap.
-C’est qui lui ? demande le sergent Serrejoint.
-Smash, répond l’inspecteur. Une sorte de super-héros, enfin, juste un super-machin, parce-que niveau héroïsme, c’est pas trop ça. On va dire super-égo. C’est lui le mystérieux S de l’histoire.
-Oh. Et c’est quoi son pouvoir ?
-Contrôle du temps, force surhumaine, trucs comme ça. Il a du mettre le monde en pause, et explosé tous les cuys. Regarde, il y a encore des peaux qui flottent dans l’air.
-Ah oui. C’est joli. Bon, on fait quoi, on le coffre ?
-N’y pense même pas. Ce type c’est mister misanthrope, si tu t’approches, il t’éclatera en mille morceaux avant que tu ais sorti ton pétard.
Smash baragouine un truc devant le parterre de planqués restant, mais il a une voix si menue et si basse que personne ne comprend. Puis, en une phrase, il disparaît avec la caisse, façon trucage de cinéma muet.
-Ouah ! C’est trop bizarre cet effet ! Qu’est-ce qu’il a dit chef ?
-Désolé sergent, je ne sais lire que sur les petites lèvres. Mais d’après ce que j’ai vu, il avait l’air de dire « Salut les marsouins, heureusement que je vous ai dans le collimateur depuis un moment, sinon, c’était le boxon ! j’ai pété tous les cuys, mais je me garde cette caisse pour ma consommation personnelle, allez, ciao les glands. »
-C’est pas mal pour quelqu’un qui n’a rien compris.
-Ouais, merci, c’est grosso merdo, hein ?
-Pas mal quand même.
-Saperlotte ! Où sont passés les mafieux et les trafiquants ? Et nos hommes, où sont-ils ?
-Les bandits se sont fait la malle sitôt la situation maitrisée par ce type. Quant à nos hommes, j’ai peur que nous soyons les seuls survivants, chef.
-Crotte ! Smash a stoppé la transaction, mais ces délinquants vont certainement recommencer, l’affaire est trop juteuse. Rentrons au poste, Serrejoint, faut qu’on relance le recrutement.
-Et qu’on prenne une bonne douche, chef.
-Oui, oui… arrêtez la musique, sergent, ça me déprime.

(à suivre)

 

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