Sons of Mabuse + Crumb en concert La machine à Coudre – Marseille 28 mai 2010

 Dans Chroniques de concert

Il y a deux choses qu’il faut que je fasse : acheter Red Dead Redemption pour me prendre pour un cowboy sociopathe et écrire une histoire de transat meurtrier. Mais la baffe du kif me fait déjà voir dans la rue de la Loubière des bouledogues aux regards sataniques. Tels des cerbères nains ils m’accueillent aux portes de la rue d’Aubagne et me toisent gravement de leurs yeux globuleux alors que je passe près d’eux, vers la pente infernale qui mène à la Machine à coudre.

« achète le jeu » me dit l’un d’eux d’une voix de Barry White plutonien, « c’est de la bombe ».
« Prend le et savoure ses somptueux décors de pampa synthétisée sur le dos de ton fidèle mustang » me dit un autre
« Du sang, du sexe, et des lassos » continue un troisième avec le même timbre de basse. Je les toise d’un air ahuri en clopinant sur le pont. La pub est vraiment partout.

Voici que l’on passe près de la façade noire de l’église sans nom qui s’affaisse ici depuis des siècles, et les lumières guirlandesques au bout du tunnel nous guident, cahin caha, aux abords de la salle, discrète comme un vendeur de fausses montres. On entre dans le saloon, et la musique s’immisce, pareille à une bande son de film.

Je me fige devant le tableau. Un véritable Velasquez. « Musicien jouant dans un club » , huile sur toile, 1657. La peinture est délicate et d’un clair obscur tardif. Les voici figés dans le mouvement de la musique, les Enfants de Mabuse, et les lignes sont pures et véridiques. On peut voir quelques personnages dont les corps tordus nous indique qu’ils dansent, d’autres ont l’air grave et reste droit comme des I, ou on les mains dans les poches, fument des cigarettes ou se mettent les doigts dans le nez. Les visages sont réalistes et grotesque, comme dans un panorama de Bruegel l’ancien. Les costumes nous donnent des informations sur la société de l’époque et les conditions de vie des ménestrels. Leurs regards ont l’universalité simple de l’humanité dépoilée de tout ornements. On en conclut, que quelque soit l’époque, la sophistication, la décoration, les émotions ne changent jamais, et je danse le zombie en écoutant le bruit organisé. Ca ressemble à un tuyau en plomb qui tombe dans un puits sans fond, et les cris du chanteur/batteur sont ceux du tuyau qui braille en frappant les parois dans sa chute. Ca va comme comparaison, non ? Tant pis.

Le gang de Pipo Syzlak était fatigué. Ils avaient parcourus la pampa synthétique pendant des jours, sur le dos de leurs fidèles mustangs, faisant couler le sang, baisant des putes, jouant du lasso. Ils avaient capturé un pawnee, l’avaient scalpé, et l’avaient collé au piano bastringue qui faisait des sons bizarre mais qu’ils gardaient quand même, parceque c’était rigolo.
C’était une aberration, cet instrument. Catapulté par une faille temporelle, il évoquait les ambiances absurdes des films de S-F au rabais des années 50, comme si le 10ème plan en provenance des espaces extérieurs avait été de faire venir des cowboys morts à notre époque, pour les faire jouer dans un groupe de rock. Dans quel but ? Regardez le film.
Pipo racontait ses souvenirs. Garçon de ferme et orphelin, sa famille massacré par des sioux, il était devenu le plus grand salopard de la république du Texas, et des éclairs sortait de sa voix et de ses flingues. On ne comptait plus les pauvres types morts les bottes aux pieds, parcequ’ils n’avaient eu que ce qu’ils méritaient, ces âmes damnées.
Pourtant, quand parfois Pipo prenait sa guitare et ce mettait à fredonner un vieil air, tout les saligauds baiseurs de mamans ôtaient leurs chapeaux car on aurait dit ce sacré bon dieu de saint Esprit qui chantait. Et ses deux comparses, le rom taciturne au banjo et Peyotl, le mexicain champignomane qui jouait du tambour, avaient l’air de deux putains d’anges pour l’accompagner. Personne ne faisait attention au Pawnee qui, sagement, jouait du bastringue en faisant la danse de la pluie, car c’est bien connu, personne ne pouvait les piffer.

Leur concert terminé, les clients du saloon applaudir l’effrayant pistolero comme s’il avait été Sarah Bernhardt. Il bu un verre d’eau et flingua un gars juste pour le voir mourir. Je remontais à la maison parceque je commençais à redescendre après le début du concert de punk agricole qui suivait.

Moralité, j’ai toujours pas acheté Red Dead Redemption, rupture de stock. Quel con ! Mais j’ai écris l’histoire du transat :

C’était un transat meurtrier qui tuait les gens en se refermant sur eux, clac ! Il n’aimait rien de plus que rester au soleil, à écouter les grésillement d’une radio, un petit cocktail à parasol à ses cotés. Et dés que des fesses touchaient sa toile, clac ! Il bouffait leur propriétaire. Il n’avait jamais été arrêté car quand on pense à des ustensiles assassins on s’imagine plutôt des tronçonneuses possédées,vzzzi, des ascenseurs manioc-dépressif, shhlla ou des ambulances chtarbées, vroum. Un jour, c’était l’hiver, on l’a rangé dans l’abri au fond du jardin. Clac.

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