Feuilleton à l’arrache 147 épisode 2

 Dans Feuilleton à l'arrache, Textes à l'arrache
(Résumé : avertit de l’arrivée par bateau d’un impressionnant stock de cuys, de gros cochons d’indes aux vertus psychotropes, l’inspecteur Fergusson cherche à savoir où et quand les bestioles seront débarquées)

-Tu vas cracher le morceau, Deboeuf ? Et Fergusson fracassa ses phalanges sur la joue chauve de Deboeuf. Frank Deboeuf. Il avait été joueur de football professionnel, pour l’équipe de France, mais la presse s’était trompé en orthographiant son nom en « Leboeuf ». Ce fut le drame. Sa famille indignée le banit, et pendant qu’il perdait sa mère, il perdait aussi son salaire, à cause de la méprise. La gloire passé, il était devenu vereux, et fonctionnaire chargé du transit sur les quais.
-Alors, tu la veux celle-là ? *ding-dong*

-Ah, on a fonné, ve crois.

Fergusson relâcha le col de Frank

-Qui que ce soit, t’as intérêt à retrouver ta langue, Deboeuf, dit-il tout en se dirigeant vers la porte d’entrée.

Son pistolet à patate dans la pogne, il ouvrit doucement, jusqu’à ce que l’interstice soit suffisant pour voir de l’autre côté . Fergusson émit un glapissement étranglé, recula d’un pas, l’air plus que troublé.

-Toi !

Le blindage tourna lentement sur ses huisseries, et comme un rideau qui se lève sur une scène, fit apparaitre les formes fascinantes d’une femme fatale.

-On ne tient plus la porte aux Dames, mon petit Ferguinot ?

-V…V…Voulva ! Qu’est ce que tu fais ici ?!

Voulva. De douloureux souvenirs serraient la gorge du flic. Voulva, le genre de fille qui fait dépérir d’espoir les hommes, en se délectant de les voir se tortiller sous son pouce, au moindre gonflement de sa cage thoracique. Voulva, qui a toujours eu tout ce qu’elle a voulu, avec sa moue de chaton joueur et son tortillard arrière-train.

-Je passe rendre visite à notre ami commun.

En souriant, elle passa sous le nez du portier

-Ah ! La fieffée falope !

-Ta gueule toi ! *paf!*

-Je vous en prie, faites comme si je n’étais pas la, les hommes.

Et pendant que Deboeuf saignait du nez sur la moquette, la blonde promena son museau mutin jusqu’à un fauteuil, d’une démarche de guignette. La longueur de ses jambes, qui jaillissaient d’un short microscopique, faisait mourir d’amour, à chacun de ses pas, des milliards d’acariens. Elle s’assit. Le siège grinça de plaisir.

-Toujours aussi délicat, à ce que je vois, Ferguinot. Bonjour, Deboeuf, je vois que tu as la côte auprès de Ferguinot.

-Grrr, arrête de m’appeler comme ça. Tu connais ce bout de viande ?

-De l’époque où je… Pratiquais le football. Quand c’était la mode des sportifs. Celui-là m’a prise de volée plusieurs fois.

-Tu me dégoûtes.

-Oh, quel vilain jaloux, ironisa t’elle. Tu sais qu’il faut m’epater pour m’attraper. Tu m’epaterais d’ailleurs beaucoup si tu pouvais me dire où et quand arriveront les cuys. Quand tu auras fini de tailler une bavette…

-Il n’a encore rien dit, et de toutes façons, ce ne sont pas tes affaires.

-Quel dommage, j’aurais bien enlevé les miennes pour l’occasion, dit elle avec un clin d’œil émoustillant, en direction de Frank.

Deboeuf rôtit, rougit, se mit à baver en ouvrant grand la bouche.

-Les cuys, samedi, 23h, quai numéro 13, El Bourguigñon, le bateau.

-T’es sur du nom, Deboeuf ? Bourguigñon ?

-Ouuuuuiiiii…

S’étouffant dans ses propres fantasmes de galipettes, Deboeuf s’évanouit. Fergusson desserra son étreinte, et laissa l’ex pousse-ballon choir sur le sol. Voulva fit mine de bailler.

-C’était trop facile. Les hommes sont décevants. On se revoit donc samedi, Ferguinot, dit elle en minaudant de sa bouche de canard. Coin coin !

-Je m’appelle Fergusson, grommela le policier.

Mais elle était déjà sortie.

-Flûte à bec, je me fais avoir à chaque fois !

Il laissa Frank humidifier le tapis, saisit le téléphone filaire du salon, pour prévenir Massey qu’il avait obtenu les informations. Il ne mentionna pas la présence de la féline filoute. En sortant dans la rue, il essaya de voir s’il repérait le popotin extraordinaire. Elle avait disparu depuis longtemps. Alors qu’il tournait au coin, l’épouvantail au long manteau du bar, qui zonait sur le trottoir d’en face, lui emboita le pas, à distance raisonnable.
(à suivre.)

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