Feuilleton à l’arrache 160 épisode 4

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(Résumé : un gros tas de cuys, des cochons d’indes qui font Mururoa dans ta tête à toi, doivent être livrés au port. Les flics Massey et Fergusson tentent d’intercepter la marchandise, sans savoir que les trafiquants les surveillent déjà).

-Le voilà, dit Roudoudou.
Il montra du doigt le flic qui marchait dans la rue. Sparadrap plissa les petits yeux de sa grosse tête cabossé.
-Ouais, je le vois. Leurs ombres de trois mètres, contre le mur du building, dessinaient leurs vilains contours d’hommes de main.
-Qu’est-ce qu’on fait, Sparadrap ?
-On va le suivre à bonne distance. Des qu’on sera dans un coin isolé, on lui casse les genoux. Comme ça, on réservera le même sort à son copain quand il viendra le voir a l’hôpital.
-Ouais,ça me plait.
Fergusson passa à leur hauteur, les dépassa. Ils lui laissèrent plusieurs foulées d’avance, puis lui emboîtèrent le pas, se coulant dans le flot des quidams rentrant chez eux. Tout en marchant, l’air de rien, les deux gorilles discutaient.
-Ha ! C’est d’un ridicule, dit Sparadrap.
-Quoi donc ?
-Le nom de ce condé. Fergusson. Son coéquipier s’appelle Massey.
-Et alors ? –
Allons, Massey-Fergusson, la marque de tracteur. Ces deux vaches font une marque de tracteur. C’est approprié .
-Ah oui, ah oui, ca y est, j’ai compris, haha. Des vaches, un tracteur. Hahaha. Hahahaha. Hahahahahahaha.
-Arrête, triple buse, tu vas nous faire remarquer. -Pardon, Sparadrap. C’est juste que je n’avais pas réalisé à quel point leur blazes étaient débiles.
-N’est-ce pas, mon Roudoudou ?
-Et cette dégaine miteuse, tu as vu ? On dirait un clochard.
-Moitié flic, moitié clodo, le plus valeureux des héros, fer-gusson son, fer-gusson son, chantonna Sparadrap sur un air connu.
-Mouhahahah. Une demi-heure plus tard, le suivi bifurqua, et s’engagea dans un parking.
-Voila l’occasion. Fergusson prit l’ascenseur, et descendit au quatrième sous-sol. Le duo passa par les escaliers. Quand les deux sbires arrivèrent, le policier s’échinait à chercher les clés de sa voiture au fond de la poche de son pantalon, en grommelant.
-Ça va être le moment, dit Sparadrap. Il fit signe à son compère de se cacher derrière une twingo verte, en sortant une barre à mine de son fondement.
-A trois, on lui saute dessus.
-Ok. -Un…Deux… Tr*SMASH!*
le réflexe immédiat de Fergusson fut de relever la tête. Il lui fallut quelques secondes avant de réaliser qu’un des deux gros types au loin était en train d’arroser de sang le sol plastifié du garage. Le jus de viande jaillissait de son épaule droite, et le bras correspondant se convulsait par terre, dans un geste défensif retardataire. Avant même que son cerveau ne puisse décrypter les cris d’horreur de la victime, il saisit ses clés, se jeta dans sa mustang, et partit en trombe en faisant couiner la gomme.
-Sparadrap ! Sparadrap ! Réponds-moi Sparadrap !
-Gurgl… Le cuy… dans ma poche… intérieure… Gargl…Donne moi… Trois doses… Guirgl… Vite… Affolé comme une pré-ado devant un boys-band, couinant tout pareil, Roudoudou fouilla fébrilement dans le costard maculé d’hémoglobine. Il en sortit un beau cobaye d’un kilo. La bestiole regardait le monde extérieur d’un air ahuri, visiblement ravie par son nouvel environnement.
-Viiiiite…
-J’arrive, j’arrive !
Le valide plaça le cochon d’inde au dessus de la bouche ouverte de l’estropié, et appuya dessus. Avec un bruit de jouet pour chien, trois crotte furent expulsés, et tombèrent au fond de la gorge agonisante. Aussitôt, les yeux de Sparadrap s’écarquillèrent, ses pupilles se transformèrent en spirales hypnotiques, et un sourire béat s’etala sur son visage. En s’approchant de lui, Roudoudou aurait juré entendre Climb inside my world à l’intérieur du crâne de son collègue.
-Oouauaah putain, c’est de la bonne, mon pote.
-Ça va mieux ?
-Ouais. C’est le pieeeeed. Je me suis fait pipi dessus, et je m’en fiche complèèètement.
-T’as eu chaud au cuy, dit Roudoudou en le relevant. Il y a plus qu’à attendre que ça repousse. Sans répondre à la question, Sparadrap, dont le trip semblait deja se terminer, ronchonna à voix basse.
-Saloperie de bordel de trou du cuy de merde… On va se faire appeler Hortense. L’autre moitié d’engin agricole s’est fait la malle… -Mais qu’est-ce qui s’est passé ?
-Grrr, j’ai rien vu venir, chui sur que c’est un coup du grand tout maigre. ´Perds rien pour attendre celui là.
-Oh, regarde, là, par terre !
-Nom d’une buccogenitalité, je le savais, c’était lui !
Sur le goudron, une carte de visite, simplement imprimée d’un S rouge. Quelqu’un y avait griffonné, dans une écriture aux déliés anachroniques, le message suivant :
« Salut les flans, les cuys sont à moi. Bises entre les fesses. »
-On est pas dans le caca, dit Sparadrap en ramassant le bout de carton. (à suivre)

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