Texte à l’arrache 191

 Dans Textes à l'arrache

Hippunk, hippocampus punkus, noble poisson perpendiculaire, flotte comme un stylo bille percé dans les eaux vaseuses du Vieux Port. Entre deux vélos verdâtre, il niche dans un crâne de supporter avarié.

La bête avance dans le liquide squameux, à la recherche d’un magnum de pastis. En voici un, dont le goulot émerge de la boue bizarre qui cache le vrai fond. Avec sa bouche ventouse, il s’accroche fermement au bouchon, et nage autour de lui. Quand le liquide liberé s’évapore en volute, l’animal l’aspire comme un colibri ou un chauffeur de bus : en le sirotant.

Quand il a bien bu, le hippunk s’accroche par la queue à un piano plein d’algues, et fume des miettes de haschisch, tombés sous la ligne de flottaison. A l’aide d’une pipe spéciale, en os de mérouille, et du briquet integré dans sa poche ventrale, il fait des bulles de shit qui explosent à la surface de cette bauge répugnante que l’on appelle un port.

Comme son nom l’indique le hippunk est moitié hippie, moitié punk. Les spécimens les plus débiles sont sujets à des violentes crises de démence, les plus costauds restent bipolaires, quelle que soit leur orientation. Un coup fier de leur crête , un coup honteux de leur molesse, refroidis par leur malchance, qu’ils nomment poisse-caille, ils ne savent jamais quoi écouter, entre Télévision et Jefferson Airplane.

Les soirs de fin de semaine, le hippunk se propulse dans les canalisations, à l’aide de ses intestins en turbine. Il fait des successions de petits pets qui peuvent lui faire atteindre les quatre-cent cinquante kilomètres heure. Se dirigeant dans les égouts, grace au gps dissimulé, une fois de plus, dans son renflement stomacal, il rejoint les petites salles de spectacle marseillaise, où il soigne sa névrose en écoutant des concerts punks, ou hippie, selon la programmation. Gare cependant aux nombreux prédateurs : le pingouin punk mystique, le minotaure punk pontifiant, l’escargot punk à dents de sabre, le hibou hippie happeur de pet’, et la salamandre surfeuse trembleuse des Goudes, surnommé sur les plages la Goudes-vibration.

Le hippunk est octosexuel, ce qui veut dire qu’il peut faire l’amour avec des poulpes. Sinon, il se reproduit par hasard, la plupart du temps. C’est le male qui porte les petits, toujours dans son sac-banane intégré. Mais il doit se méfier que les petits bandits ne mangent pas son stock de tosh, ou ne mettent pas le feux avec le briqouze paternel.

Le hippunk est une espèce menacée par les écologistes qui cherchent à nettoyer son habitat naturel. Or, pour survivre, le machin à besoin d’un taux très élevé d’urinium et de cacatium dans sa soupe primordiale. Pour garder son hippunk à la maison, il ne faut donc jamais laver son bocal. Il est même conseillé de s’en servir de toilette de temps en temps. Le hippunk est fragile, prenez en soin.

Et si une envie de raquer vous prend sur le quai, n’hésitez pas : envoyez tout entre deux ferry-boat. Il vous remerciera !

 

(idée et dessin : Anarchumanusmusica Naturavenenum​​)

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