Texte à l’arrache 195
Pour faire un bonzai littéraire,
prenez une branche de mots, et plantez la dans la terre.
Attendez que le tronc pousse. il doit etre épais comme les quatres doigts inférieurs de la main. Index, majeur, annulaire, auriculaire. Il faut qu’un paragraphe se forme, bien charnu, bien dodu, avec quelques longues phrases, et quelques mots compliqués. C’est ce qui donnera de la rugosité à la texture, des nervures, des artères, où coulera la sève vivante du mystère de la vie. Au contact de la phalangette, le gratouillement sera agréable, non-coupant, amical. Quand vous approcherez des deux cents mots, il sera temps de couper d’un coup sec, avec votre katana (que vous aurez pris soin de faire aiguiser par Masamune Marasume). Attention, vous etes pret ? *TCHAC!* Joli.
Vous n’avez plus qu’a vous assoir,
avec une tasse de thé,
Et contempler les nouvelles branches qui vont pousser, s’allonger, s’allonger, s’allonger…
Oh, encore une nouvelle !
Encore plus fine, encore plus longue, comme un zizi de zèbre de Tokyo, galopant dans la plaine de Hiratushie.
*plop*
Et celle ci, et celle là,
*plop* *plop* *plop*
vous voyez tous ces bourgeons qui éclosent partout ? *plop*
*plop* *plop* *plop*
Ce sont des fleurs de rimes, ça va faire un petit haïku. *plop*
*plop *plop* *plop* *plop*
*plop* Fin d’après midi *plop*
*plop* Le bonzai dépasse enfin *plop*
*plop* plus de deux cents mots *plop*