Texte à l’arrache 220
Rupture de ponctuation
Les mandrills
où sont ils où sont il les mandrills les mandrills pas dans ton cul vilain vilain là-haut dans les arbres là-haut là-haut là-haut où le ciel est vert et noir là où ta main tendue ne saisit pas les feuilles froissées par le passage des mandrills les voilà Le cul bombé la bouche bleue l’arrête rouge du museau le regard absent sur toi Si le mandrill te voit ses crocs miasmeux il plante en t’arrachant la tête même mort les bacilles grouillent dans le trou de ton cou tes chairs passent par toute les couleurs toutes les textures sont solides liquides gazeuses liquides puis solides à nouveau tes fesses cramoisissent et gonflent comme des joues de jeune fille émue d’amourette se bombent se cambrent dans la courbe de la salope levretté contre un comptoir ton nez touche ton menton qui s’allonge en long tube de poils s’imprégnant du bleu le plus vif et rubicond sur la tranche tes dents poussent en poignards imbibés de poison tes yeux s’en vont ailleurs te voilà mandrill tu va pouvoir toucher le toit des arbres là-haut la-haut là-haut sauter de branches en branches manger les feuilles vertes et noires peut être avoir droit au ciel puisque tu sera singe au sommet non plus mortel au dessus des vers et des mousses le cri des mandrills perce les troncs de la caverne végétale dans les trous du chapiteau passent des lances de lumières les mandrills les mandrills sont tes maîtres stupides