Textes à l’arrache 352

 Dans Textes à l'arrache

(« Je n’ai rien compris à cette chronique de concert. Je ne doit pas être assez dark. A par ça, le groupe était comment sur scène? Il a fait une bonne prestation? Les nouveaux titres étaient bien? En tout cas l’auteur c’est noyé dans sa rédaction. » nda : voir texte à l’arrache 282)

 

Pascal Larsen ne se trouvait pas assez dark, (en français, pas assez sombre). Il n’arrivait pas à comprendre l’attraction curieuse que le groupe Sodomie 121 exerçait sur lui. Peine perdue pour entrevoir quelque chose en lisant les critiques : elles etaient trop littéraires, trop tartinées de mots complexes, trop mal écrites. Larsen était un homme positif, ce qu’il voulait, c’etait du descriptif, de l’objectif, du concret. L’ordre et le nom des morceaux devaient être ecrits noir sur blanc, avec une appréciation tangible de l’interprétation. Quel marque de basse était celle du bassiste, quel machines et quel micro utilisaient les frères fondateur du groupe, il désirait egalement une liste précise de cela. Un historique complet des albums sortis, plus une fiche détaillée de l’infrastructure de la salle, étaient d’autres points impératif pour satisfaire ses envies de description claire de l’événement. En lisant, il voulait avoir l’impression d’être en train de regarder le spectacle à travers sa tablette. Hélas, ses attentes avaient été profondément deçues, les dernières lignes qu’il avait lu à propos de S121 étaient cryptiques, bizarres, remplies de mots barbares, certainement prétentieuse. Mais il ne pouvait pas vraiment le dire, car il n’avait rien compris, d’un bout à l’autre de l’entrefilet. Agacé par ses informations inexploitables, et plutot que de prendre un dictionnaire, il prit son courage à deux mains, et acheta des places pour le prochain show…
Sur place, tout etait tres bizarre. Des gens tout en noir fumaient des clopes en se balançant comme des crécelles sur fond de mélodies languissantes. Malgré leur air triste, ont les sentait contents. Pascal Larsen notait scrupuleusement chaque détail sur son calepin électronique : le nombre de tireuses à bière, le nombre de retours sur la scène, la hauteur sous plafond du cintre, le nombre de boutons allumés sur la console retour, le nombre de boulons sur les projecteurs côté jardin, le nombre de chaussettes de la meme couleur au pied du chanteur. Pour faire la chronique de concert la plus claire possible, il y avait tant de détails à prendre en compte, qu’il en oubliait d’ecouter la musique. Les bousculades molles des spectateurs autour de lui l’agaçait un petit peu, l’ambiance froide et la fumée interdite le consternait. « Qu’est-ce que c’est que ce concert où on laisse passer des choses pareilles ? » se disait-il, et il trouvait les gens mal élevés.
Soudain, la musique s’arrêta, et le groupe l’invita à monter sur scène. Lui. Pascal Larsen. L’auditeur impartial. À la fois surpris et honoré, il ne mit pas longtemps à s’exécuter. Il se faisait une joie de montrer son rapport deja si bien ciselé à l’objet de ses études. Les encouragements et les sourires le poussérent jusque sur l’estrade, où la main tendue d’un artiste l’aggripa pour l’aider à monter. Une fois debout, Larsen s’epousseta, et jeta un coup d’oeil au public. Aveuglé par les projecteurs, il ne vit que du noir, d’ou se détachaient des centaines de petits rictus attentifs. Plus un son ne se faisait entendre, si ce n’est le grésillement des amplis. Devant les sourires étranges que lui offraient également les musiciens, il sentit que quelque chose ne tournait pas rond.
« Cher ami, quel plaisir de t’avoir parmis nous », dit le chanteur en prenant son micro et en s’approchant de lui, « j’espère que tu vas faire le compte-rendu le plus compréhensible qu’on ai jamais fait d’une de nos performance ». PL rougit. « Il y a juste un petit truc que je dois t’apprendre : tu es actuellement au coeur d’un texte à l’arrache, et l’auteur, qui est tres susceptible et qui n’a vraiment pas aimé ton commentaire méprisant à propos de sa chronique de notre précédente performance, a décidé de t’y faire tenir la place d’honneur. »
Pascal Larsen frémît. Les regards dans la salle devenaient plus insistants, plus mauvais, plus moqueurs. Il avait l’impression de se réveiller dans un rêve.
« Qu’est ce que vous allez me faire ? » bredouilla t’il.
« Simple. On va te fister le cerveau qui te sert de trou de balle, de façon très compréhensive, devant tout le monde. Allez, à quatre pattes » dit le musicien d’une voix autoritaire, un poing américain rouillé à la main.
Désormais le jouet du narrateur, il etait totalement coincé. Apeuré et pleurnichant, il obeit sans pouvoir resister à l’ordre qu’on venait de lui donner.
Il se fit tellement récurer la bélière, qu’il fallu un moulinet electrique de range-rover pour pouvoir réenrouler ses intestins. Les mots lui manquaient pour decrire de façon précise l’horrible châtiment. Encore une fois, il n’avait rien compris.

(Vive le dark. Bisous à Gin, Eric, Vener, et Beber)

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