Le loup-garou du karaté marseillais

 Dans Nouvelles

Le loup-garou du karaté marseillais ressemble beaucoup à la plupart des loups-garous, si ce n’est pour l’écharpe aux couleurs de son équipe. S’il vivait de jour, il admirerait le ciel, bleu et azur comme l’Olympique.
Le loup-garou du karaté marseillais ne se transforme pas les nuits de pleine lune, mais les soirs de match. A l’ouverture des portes du stade, les poils lui poussent, les oreilles lui pointent, les crocs lui sortent et la queue lui pend. Il prend son élan et hurle du haut du virage nord.
« Waaaaaalléé l’Hooouuémmmmm !!!! »
Sa voix chaude et basse se perd dans la foule des supporters.
Pourquoi le loup-garou du karaté marseillais est un loup-garou du karaté ? A cause de sa technique spéciale. Vous le voyez émerger au sommet des escalators du métro. Il vous attend. Il vous scrute de ses yeux de fauves depuis le début de votre ascension mécanique. Rapidement il est près de vous, s’enroule à vous, vous souffle ces mots de son museau à vos oreilles:
« Tu connais karaté,
karaté,
karaté ? »
En même temps, d’un genou il vous tapote la cuisse comme pour vous montrer une prise d’art martial, et d’une main se glisse dans votre poche intérieure, fureter ce qu’il y a d’intéressant à prendre, pendant que votre esprit détourné se fixe sur son jeu de jambe.
Avec le butin, le filou loup va s’acheter des kebabs sauce blanche à la baraque d’à côté, sans salade/tomates mais avec beaucoup de frites.
Il chasse aussi les gros gabians qui se posent sur les poubelles. Pendant les périodes de grève des boueux, les containers dégueulent de détritus, et les volatiles se pressent sur ces ziggourats d’immondices humaines. Il n’y a plus qu’à se servir, en leur croquant le cou d’un coup de crocs. Un rat dodu fera l’affaire pour le dessert.
Quand il n’est pas transformé, le loup-garou du Karaté est conseiller municipal à la mairie du 1er et 7ème arrondissement, service culture. Quel effroi est-ce pour lui quand approche les demi-finales de la coupe de France ! Car le contraste entre son respectable statut et sa monstrueuse condition le plonge dans les tourments du mal-être. Qui est-il vraiment ? Un enragé de la sphère de cuir et des coupes de cheveux sportives, ou un raffiné pique-assiette des cocktails mondains ? Il ne sait plus. Il tremble à l’idée de s’emmêler dans ses formes, et de se ramener par erreur au gala communal en survêt et coupe mulet. Souvent il se dit qu’il aurait préféré être un transsexuel travesti plutôt qu’un transformiste trans-espece.
Ah ! Le jour funeste où au Centre Bourse, il fit pipi sur les vestiges du jardin un soir de beuverie. Les anciens n’aiment pas trop qu’on urine sur leurs esprits. Il le paya au prix de la lycanthropie. D’intellectuel sophistiqué, il régresse au niveau de la bête brutale et affamée qui terrorisait les bergers de Phocée. Celle que les provençaux nommaient « lou garaou » dans les histoires à faire peur au coin du feu.
Citoyen marseillais prend garde ! Si tu vexe tes aïeux deux fois millénaires et des brouettes, tu connaitras le courroux de la magie antique : Hécate, Pan et Didier Drogba te maudiront, te transformeront en loup ou en en autre canidé (par exemple en hyène si tu viens de l’Afrique), et tu iras rejoindre les rangs de l’armée des fils de l’OM, les plus sanglants clubs de supporters. Ta femme te quittera, tes enfants te fuiront. Tu sentiras le chien mouillé, tu seras un peu con, mais un peu plus poète. La nuit sera ton jour, les lampadaires ton soleil. Tu perdras tout ton argent dans les bars, pour des clopes et du pastis. Ton accent sera à couper au couteau. Les chants de hooligans crieront perpétuellement dans tes oreilles, tu auras des visions de Jean-Pierre Papin et pour toujours tu garderas dans ton ipod le mp3 de Basile Boli & Cris Waddle. Tu seras l’esclave du foot. Prend garde, marseillais, prend garde…
(idée : John)

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