Poni Hoax + Dondolo en concert Le cabaret aléatoire, Marseille 21 mai 2010

 Dans Chroniques de concert

Si Staline avait été un gars cool et sympa, un gros moustachu débonnaire avec sa bonne trogne de papy Brossard, amateur de vin fin et de musique pointue, la culture aurait passé son temps dans des loges telle que le cabaret aléatoire. Construite en l’honneur des prolétaire morts au combats du labeur, des moujiks épuisés par la lecture intégrale du capital et des joueurs d’échecs virtuoses décédés par implosion, le temple reprenait l’architecture austère mais grandiose des vastes usines de clous de Géorgie. Mais désormais, les vertigineux plafonds qui se perdaient dans l’obscurité de l’espace, la où dieu n’existait pas, se constellaient de rampes de spotlights et de passerelles à machinistes. Les solennelles niches latérale, autrefois mouroirs d’ouvriers héroïquements sacrifiés à la noble cause des clous à têtes plates, s’étaient doucement reconverties en salons douillets, baignés, comme il se doit, dans un beau rouge sang vif et socialiste à la fois, histoire de faire une pierre deux coups.
On y navigue à vue, en passant au ras des gueules de concours du komsomol local, tetes d’ours et de rapaces des steppes, futurs conquérants victorieux des champs pixellisés infinis de cet univers virtuel que meme le camarade Gagarine n’avait point vu dans sa machine à laver orbitale.

 

Vint le premier groupe de ménestrels de la soirée, Dondolo. Des hommes soviétiques nouveaux, joyeux, énergiques, aimant leur patrie et croyant au futur merveilleux de leur patrie. De jeunes gens heureux, en sueur, construisant le socialisme et une musique apte à muscler les ouïes de leurs frères prolétaires. Des sonorités qui n’étaient pas sans évoquer d’illustres compositeurs tel que Randy Newmanovine, Soda Popinsky, voire Jean-Jacques Goldmanovitch. Les élites ne s’y trompèrent pas, applaudissant chichement ces beaux exemples de compositions éducatives pour les masses populaires, et non influencées par la décadence bourgeoise. Puis, tel des hommes nouveaux, imperméables aux averses de la paresse, ils tirèrent révérence et s’empressèrent de pointer à leur deuxième travail, épiciers de nuits à roulette. La sirène de leur camion-libre-service s’étouffa dans la belle nuit de mai.

Le bortsch de midi avait décidé de remonter voir le ciel et je maudissais la cuisine russe en sortant dans la cour du cabaret aléatoire pour fumer. Je visualisais des hamburgers et des donuts pour essayer de rééquilibrer la balance idéologique.

 

Vint ensuite Poni Hoax, qui se mit à jouer prestement, avec des gueules de défoncés au peyotl. Voici ce que dit le concert à la valve de mon petit coeur:
Te voila à Miami, à une époque ou l’on rêvait de guerre des étoiles terrifiantes.Les jours ne sont que des nuits, et au volant , tu conduis lentement dans les rue. Les néons fluos se reflètent sur le nacre gracieux de ta corvette c4 , comme des rayons lasers, et la carrosserie-camera renvoie les images grands angles de putes à la crème dansant sur des barres chromée. Et puis les mélanges dans le réservoir font décoller la corvette dans la voie lactée, et tu te retrouves en plein space-opéra, là ou la science fiction se porte en tenue latex moulante. L’intérieur des vaisseaux est en véritable salle de bains ikéa, propres et puissants, et tu peut danser le robot sans salir les murs blancs en plastoc auto-lavable. Seulement lors des passages en hyper-espace entends tu les rugissements ahurissants des moteurs, qui s’arrêtent aussi nets que le temps de voyage. Tu files doucement vers la terre, en te demandant quel est le rapport entre ça et le concert de Poni Hoax qu’était vachement bien, surtout le batteur qui envoyait des pieds.

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