Histoires Étranges du Quotidien 10. L’exécution.

 Dans Histoires Étranges du Quotidien

On avait décidé de mettre à mort le traître dans une cave de la cité. Pieds et poings liés sur une chaise, bâillonné, une ampoule crue lançait une lumière aveuglante dans les yeux plissé du pauvre bougre, entouré de voyous encagoulés. Le caïd entra dans la pièce, vérifia que tout était prêt. Voyant que tout était prêt, il fit enlever le scotch qui barrait la parole à la bouche de la victime. Elle se mit tout de suite à rugir de colère :

« Chef, j’ai commis une faute, mais je n’ai pas fait exprès, je le jure ! Si vous me tuez, ma colère fera que je reviendrai me venger et vous hanter jusqu’à ce que justice soit faite ! »

Le truand haussa un sourcil, il était contrarié, car il était superstitieux. Son regard parcouru ceux de ses sbires. L’un d’entre eux fit un pas en avant, et s’adressa d’une voix calme au prisonnier.

« Tu pourras nous persécuter tant que tu veux un fois que tu seras mort. Cependant, je doute que tu ai assez de volonté pour cela. Crois-tu que tu pourras nous faire la preuve de ta rancœur, une fois que la balle t’aura traversé le crâne ? »

« Bien sûr que oui ! » assura l’homme.

« Bien » dis le bourreau en sortant son pistolet. « Je vais te tirer à l’arrière de la tête, et faire basculer la chaise en avant d’un coup de pied. Si après l’impact tu parviens à mordre le bout de la semelle du patron, on croira peut-être à ta malédiction. Tu penses y arriver ? »

« Oui ! » cria le condamné au comble de la fureur et de la panique. « Oui, j’y arriverai ! J’y arriverai !

Il y eu un éclair et un coup de tonnerre simultanés. Le sang gicla sur le sol. Le meurtrier poussa vivement le dossier de la chaise. La victime tomba devant les semelles du maître, qui sursauta légèrement.  Les chairs du fusillé tremblèrent un instant, flasques, puis, la joue écrasée contre le béton poussiéreux, l’individu ne bougea plus.

Dans un silence total, l’exécutant rangea son arme, tandis que tous les autres s’observaient d’un œil inquiet.

« Tu es certain qu’il ne reviendra pas ? » demanda le baron.

« Absolument. » répondit le lieutenant. « Il fallait que la dernière pensée du bonhomme ne porte pas sur la vengeance. En lui demandant de mordre votre semelle, j’ai détourné ses pensées sur autre chose, au point qu’après le trépas, il ait pu l’accomplir. Il n’y plus de raison de s’inquiéter… »

« Mais, il n’a pas réussi à mordre ma semelle… » dit le caïd d’un ton inquiet.

« Bah, on s’en moque. » répondit le tueur.

Puis, pendant des mois, ils vécurent dans la peur. Les néons dans les cages d’escalier sautaient sans prévenir. On entendait des murmures bizarres courir dans les couloirs déserts. Le vent glacial dans les espaces verts transportait des odeurs putrides et des menaces sourdes. Dans tous les recoins, les ombres s’allongeaient au point de devenir des griffes monstrueuses. Une silhouette noire glissait le long des murs, où apparaissait sur la dalle, quand les bandes trainaient la nuit aux alentours. Il n’y avait plus un seul endroit, des salles des chaudières aux toits des blocs, où une présence mauvaise ne se faisait sentir. L’esprit vengeur rôdait sans relâche.

Tous ceux qui avaient été dans la cave ce jour-là moururent de frayeur les uns après les autres…

Articles récents

Laisser un commentaire

Me contacter

Je vous recontacterai si je veux !

Non lisible? Changez le texte. captcha txt

Warning: Undefined array key "quick_contact_gdpr_consent" in /home/clients/1e145a7d46f765c8738e0100b393cc07/130decuy/wp-content/themes/jupiter/views/footer/quick-contact.php on line 50
%d