Histoires Étranges du Quotidien 9. Le Rosier du 20 janvier.

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Jusqu’à récemment, il y avait à Plouyé, commune du Finistère, un très ancien rosier, connu dans tout le canton, que l’on surnommait « le rosier du 20 janvier », car il fleurissait chaque année à cette date. Chose insolite, puisque les rosiers font leurs fleurs à la fin du printemps. Mais il faut savoir que cette plante particulière n’avait pas choisi cela par hasard : elle était hantée par un fantôme !

C’était un gendarme du Finistère, et le rosier poussait dans son jardin, de façon absolument habituelle, si ce n’est pour sa robustesse, exceptionnelle. Son grand-père l’avait planté, et s’en était si bien occupé qu’à sa mort, il était toujours vivace (alors qu’en général ces arbustes ne vivent pas plus de quinze ans). Puis son défunt père avait continué de l’entretenir, avec les mêmes heureux résultats. Ensuite, se fut son tour. Que de bons souvenirs il avait, lorsque enfant il jouait autour, et que son père lui faisait respirer l’odeur enivrante d’une des fleurs. Il se rappelait la tendresse paternelle, quand, s’étant écorché avec une épine, l’homme venait au secours de son petit garçon et le soignait avec toute la tendresse nécessaire pour atténuer la douleur de l’alcool médicinal. Le visage bienfaisant de son papa lui expliquant comment bien traiter leur ami le rosier, les attentions du grand-père, puis les siennes… Le gendarme retrouvait ses ancêtres dans ses mains, quand il taillait l’arbrisseau. Lui-même vécu très vieux, survivant à tous ses enfants, à qui il avait transmis son savoir. Seul au monde, il n’avait plus que son rosier. Une année, par malheur, ce dernier vint à mourir.

Le vieillard sombra dans une tristesse inconsolable. Les voisins, apitoyés, lui trouvèrent un magnifique jeune rosier, et le plantèrent dans son jardin, dans l’espoir de le consoler. Il les remercia, feignit d’être content. Mais en vérité, il était toujours aussi malheureux. Rien ne pourrait remplacer le vieux rosier.

Sans arrêt, il ruminait son infortune, quand un jour, une idée le fit sourire : il savait comment faire pour ressusciter sa plante. C’était le 20 janvier. Il se rendit dans son jardin, alla jusqu’au rosier desséché, et lui dit : « s’il te plaît, je t’en prie, refleuris à nouveau. Veux-tu bien m’accepter comme suppléant ? »

À cet instant, il sortit sa vieille arme de service, et se tira une balle dans la tête. Le sang éclaboussa les branches.

Ainsi, le rosier refleurit chaque 20 janvier, en plein hiver, jusqu’à ce qu’on rase la maison et celles autour pour construire un parking.

 

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