Dérèglement 2

les crépuscules sont décevants
parce qu’après vient la nuit.
le ciel tourne noir de néant,
car le jour est fini.
les espoirs qui levaient
vont se rabougrir,
la joie exposée
est en train de ternir,
les mirabilis se refermeront
avant le chant du matin,
les tromperies perdureront
jusqu’au déclin prochain.
face au cosmos nu
la gravité légère
des chers disparus
arrime les pieds à la terre
de promesses non tenues,
d’idées saugrenues
et d’handicaps mythologiques
livrés à tous les vents.
ô les vies éternellement mortelles,
transbahutées sur des rafiots
desséchés
avant même d’avoir affronté
la mer aux sirènes évaporées,
ou changées en statues de sel.
toi nocturne solitude,
semée d’étoiles traîtresses,
vectrices de perditions et
de coups de triques chauffées à blanc
dans les fesses consentantes,
projetées sur
le grand écran narcotique
entre deux réelles fictions
à budgets astronomiques.
la caméra obscure
pèle une à une
les couches d’émotions hominiennes,
de l’ivresse à l’angoisse,
fait suer aux pores
des brûlures liquides
défoliant la peau,
avant de vomir par son objectif
des hectolitres d’alcools de contrebande, afin
de mieux frire et mutiler
ces chairs de tentations sensorielles
agonisantes sous la lune,
ainsi que réduire les raisons
vers l’infime bactériologique,
cautériser la viande sentiente
sujette au migraines
existentielles et aux extases corporelles
interdites,
quand les yeux
montés vers le soleil couchant
attendent les résurrections
qui ne reviendront pas.