Mark Cunningham, Pascal Deleuze, et Abel Croze. Data, Marseille. 18/03/23

 Dans Chroniques de concert

Avant d’aller jeter des grenades sur l’inique pouvoir democratictorial, voici ma chronique de la géniale soirée de samedi chez DATA, Marc Cunningham, Pascal Deleuze et Abel Croze. Photo par Gina Bortolazzo ❤️

Les prémices de l’Interzone se lisait sur les visages hargneux des conducteurs de blattes cherchant à se garer sur les trottoirs, tout comme dans les fleuves ininterrompus de crasse et de came qui coulaient dans les caniveaux comme du sang gras. Les perce-oreilles et les rats s’y livraient des batailles plus sanglantes que six holocaustes, s’ouvrant le ventre et se sortant les boyaux à coups de pinces et de dents. Ils pullulaient tant qu’Harry Boharnay, même en économisant sur l’insecticide que son métier d’exterminateur lui donnait, même en arrêtant de se défoncer avec, même avec toute la volonté du monde, n’en aurait jamais assez pour nettoyer ce raz de marée visqueux, vomit par les bouches d’égouts. De jeunes gueux moroses, chapeautés de cales multicolores, en plein préparatifs du grand charivari dégoûté du lendemain, le bousculèrent. Il était arrivé.

Caché au coin d’une ruelle, se tenait la devanture de Data, une des bibliothèques borgnes parsemées dans l’Interzone, cachées de tous, connues de tous, fréquentées par les junkies baveurs, les érotoparanoiaque et les nécrozoophiles du coin, bien pourvue en serum psychédélique, en liquides oriculoérecteur, en ondes larvaires, en pousse globules, en vrilleurs de synapses, et milles autres procédés déranges nerfs, dans tous les cas suffisamment loin des hypnos-perceuses cérébrales qui hantait le monde d’en haut. Le magasin était renommé pour sa bouillie de scolopendre arachnophore d’Amazonie, broyés sur place, dont le jus constituait un puissant poison hallucinogène. La majorité des clients en était déjà gavé quand Harry entra : hommes chou-fleur sans visage, satanistes puceaux, fols-en-christ suicidés, organismes trilobites espions scrutant harry de leur miliers de facette derrière leur lunettes noires, sacs à viandes énamourés par le trop plein d’hormones de croissance, harcelant des sumos défoncés au chankonabe, machines à écrire scaraboïdes au mandibules maculées de cervelles, révolutionnaires phocidéens les yeux sanglant d’amphétamines bon marché, représentants du parti endimanché, étuis péniens à la main. Harry commanda une bière, écoutant calmement le zonzon endormi de toute la faune de la salle.

Un silence se fit. Des client s’assirent en tailleur par terre, Harry fit de même. Trois musiciens vinrent prendre place dans le minuscule espace servant de scène. Deux d’entre eux saisirent d’entre les câbles des plomberies cuivrées dont ils firent jouer les pistons. Le troisième s’assit derrière une batterie. Celui des trompettistes qui était assis sur une caisse de peyotl bon marché s’arc boute vers un microphone posé au ras du sol, et commença a murmurer à l’oreille de l’appareil des expectorations qui avait tout de chamanique. La machine écouta, puis rendit elle-même, à répétition, le son organique. Les instruments à vent, avec la douceur d’une déniaiserie d’écolier, hululèrent leur complainte. Des pavillons dorés sortaient des minarets au sommet desquels des muezzins mélancoliques appellaient au coma des sens. Harry ne se fit pas prier pour recevoir cette mélopée par toutes les pores non encore bouchée de sa pauvre peau synthétique. Il commença à trembler quand les appels à la prière se troublèrent de l’intervention ternaire de la batterie. Elle semblait intimer à Harry une injonction d’arythmie, et en effet, il cogna de travers jusqu’a ce qu’une porte s’ouvre dans la minuscule pièce qu’était sa cervelle. Elle s’ouvrit vers une Extrazone de l’Interzone, ou au lieu de rentrer dans un monde, on sortait dans une arrière-cour infinie faite d’encre de galets et de supernovas lointaines. Des objets incongrus flottaient devant ses yeux, dans le vide du plan parallèle. Des lianes, des vélos, des formules latines, des ratons laveurs enragés, des écrans plasma cassés, des sexes de canards, des légumes violacés, des cancers, des explosions, des condescendances et des cartes de non membres de l’association. surgirent alors, conquérants, deux énormes pavillons, d’où coulèrent des milions de litres de salive et d’insuline qui engloutirent Harry. Et dans cet océan d’insuline poisseux, presque solide, sans lune attractive, il n’y avait pas de vague du tout. Il tombait, il tombait, il tombait, puis il se se voyait errer dans le labyrinthe de rues de l’Interzone, avec leurs sales lueurs expressionnistes, à leurs noir et blanc chirurgical, des flaques de sang noir s’étendaient sous les corps vêtus de costards à deux dollars, étendus face contre terre, Des bras tenant les couteaux avec lesquels il s’étaient tranchés jonchait le bitume tuméfiés, des hordes de photographes tiraient le portrait de gars à la figure trépanée par des balles dum-dum. La musique vrombissait tant qu’il lui semblait voir des scaraboides tournoyer en essaims compacts tout autour de lui, alors que ce n’était que les bourdonnements echantillonés des musiciens parcheminés. Harry voulait fuir, mais il se cognait aux murs gluants qui se collaient à lui et l’embrassait comme des amants saouls, du foutre plein les dents. Et il tombait, tombait, et tremblait, tremblait, comme si les notes le faisait glisser le long d’un toboggan sans fin. Qui s’arrêta subitement.

Tout le monde, ainsi qu’Harry, applaudit le spectacle qui s’était achevé comme ça, d’un signe de tête. Il remonta en trainant des pieds vers le monde d’en haut, éprouvant une reconnaissance éternelle pour Mark Cunningham, Pascal Deleuze, et Abel Croze.

Un super concert, beat et cool, à l’excellente interprétation, merci aux artistes. Interzone (c) William Burroughs.

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