Interlude

 Dans Mémoires de musicien

(EXTRAIT DE MES MÉMOIRES : MOI, JE, PERSONNELLEMENT, SORTIE PRÉVUE LE 23 FÉVRIER 2021, AUX ÉDITIONS MASTURBARD, QUI SERONT DISPONIBLES DANS LA POCHE INTÉRIEURE GAUCHE DE MON COSTUME DE MACCHABÉE. PASSAGE ISSU DU TOME 9, LIVRE 20,5 : MES ANNÉES ROCK.)

Interlude

En 2008, Gina avait réussi à ce que je trouve du travail. Rmiste et fier de l’être, je me contentais d’attendre que les producteurs de Sony Music se frappent les cinq étages jusqu’au ma chambre sous les toits, cognent à la porte, criant mon nom, et m’annonce, contrat en main et valise remplie d’argent ouverte : « Bonjour monsieur, voici votre contrat d’artiste, ainsi que quelques milliers de scarabées en premier acompte, signez ici. »
Il faut dire que je ne me coûtais pas beaucoup. Je mangeais peu, ne buvait pas, faisait rarement la fête. Tout ce que je désirais, c’est à dire films, musiques et jeux vidéo, je le trouvais gratos sur internet. La toile tenait encore beaucoup du far-west, il courait des mules et des ânes chargés de données, quasiment pas de pubs, sauf les éternels pop-up de fesses. On était bien là, non ? hein ? Alors.
Ajoutez à ça la pension alimentaire que mon père s’évertuer à m’envoyer, comme une manière de garder un fil ténu entre lui et son ingrat de fils misanthrope, il n’était pas difficile de payer mon minuscule loyer en temps et en heure. À cette époque mon pays, la France, ne se metarmophosait pas trop vite en entreprise privée, les gens sans argent pas encore trop pointés du doigt comme ennemis du rendement et raison du malheur national. On me laissait tranquille.
Mais bon, les choses étant impermanentes, l’avis de Gina argumenté, et l’impression d’être une larve inutile intense, je finis par chercher un taf avec sérieux.
Je fus pris à l’hôpital Saint Joseph comme gardien de parking. En contrat aidé à durée déterminée. L’hosto n’avait quasiment pas de charge à payer, et pouvait me jeter, me remplacer par un autre paria dès que la période autorisée était écoulée, ad infinitum. J’y ai bossé deux ans.
Un boulot agréable, pas fatiguant, sans grosses responsabilités, le top pour l’hédoniste raisonné que j’étais. Une vie simple, des besoins simples, pas trop de servage, voila la philosophie du véritable éléphant d’Épicure moderne. Ma tâche consistait à rôder devant l’entrée, à indiquer le chemin du parking, à empêcher les gens de se garer n’importe où, à soulever les barrières pour les autorisés. En somme, je n’étais bon qu’à faire l’épouvantail. Quoique j’aurais préféré n’être qu’un épouvantail, crucifié dans un champ, les oiseaux posés sur mes bras, planté sans avoir à s’agiter… Un projet de vie qui me branche. Bref.
Il va sans dire que j’étais absolument, notoirement, complètement inapte à mes fonctions, n’ayant aucune autorité, nul désir de contrarier qui que ce soit, et passif jusqu’à en devenir un agent du chaos. Ça se passait pas trop mal, ce n’était la panique qu’en de très rares occasions, et puis je n’étais pas le seul gardien.
Mes collègues, pas très zélés, montraient cette désinvolture et cette placidité toute locale. Assez partisans de l’effort minimum, ils n’en demeuraient pas moins réactifs en cas de pépin, cas qui durent se présenter deux fois pendant mon séjour. On s’entendait bien, on zonait à l’extérieur de la clinique, arpentant la route, où restant devant l’entrée principale. C’est dommage, je ne me rappelle plus de tout leurs prénoms. De leurs visages, si. Voyons… Il y avait Saïd, il y avait Ahmed, non, je ne suis pas sûr, il y avait Kim. On était tous affublés de manteaux bleus, marqués de l’intitulé « sécurité ». Je ne vous raconte pas l’autorité naturelle que je dégageais, vêtu comme une tente quechua, avec mon mètre quatre-vingt treize, mes soixante kilos et mon allure de Gaston latex. Les autres s’étaient vite aperçus que je n’étais pas un mauvais bougre, et qu’a l’inverse d’un tatillon, je n’avais aucun problème à les laisser s’esquiver. Galerie de portrait :
Saïd portait de grosses lunettes et venait des Comores. Prétextant son islam, il profitait de ses prières pour jouer les filles de l’air. On passait le temps d’un café ensemble, à se raconter des bêtises. Notre supérieur, un homme ayant l’air toujours contrarié, se nommait monsieur Coulomb. Lui, il l’appelait monsieur Couillon, et on en rigolait à pleines dents. Pauvre monsieur Coulomb, il avait la place du centurion : des ordres lui venait d’au-dessus, il donnait des ordres en-dessous, mais nous étions de mauvais serviteurs, et ne l’écoutions pas. Faut la foi pour être à cette place.
Ahmed était un grand costaud taciturne, qui ne refusait pas de s’en griller une avec moi. Je fumais des Dromadaires, il n’aimait pas trop le goût. Quand il m’offrait une clope, c’était une Malback, une cigarette d’homme, dixit Ahmed. Il connaissait plein de trucs marrants, et m’expliqua un jour comment injecter du pastis dans un melon, avec une seringue, pour qu’il ait un goût amélioré. C’est très très bon, mais ca enivire vite. Contrairement à moi, il faisait bien son métier, et savait être ferme de la bonne façon, sans jamais s’emporter, presque avec nonchalance. Saïd aussi était comme ça. Ça m’estomaquait vachement, parce que je fissurais très vite, et mal. Un jour, une bagnole se gare juste devant la grille de l’hôpital, endroit totalement et implacablement interdit pour le stationnement. En sort quatre petits vieux et vieilles, que j’interpelle : « vous ne pouvez pas vous garer là ! » « On en a pas pour longtemps » disent-ils en poursuivant leur course vers la porte d’entrée « Vous pouvez vous garer là bas, ici, ce n’est pas possible ! » dis-je en pointant le parking et montant dans les tours. Réponse : « Ah, mais c’est trop loin. » Moi « Veupalsavoir ». « Oh, vous verrez quand vous aurez notre âge ! » s’indignent t’ils « Eh ben j’espère que je serai MORT d’ici là ! » Et les laissant à leur destin, je m’en vais agacé sous les cris offusqués. Quel crétin, non mais quel crétin. La répartie dans le feu de l’action, j’en suis dépourvu. Du coup, je suis souvent passé pour un goujat, et c’est de ma faute si je ne suis pas capable d’être à propos. Depuis, j’ai été bien puni : j’ai quarante-trois ans, et la condition physique d’un centenaire.
Dans les gardiens, il y avait aussi Kim. Plus jeune que moi, c’était un bagarreur, dans le vrai sens du terme. Il aimait la castagne. Son père, professeur du Kung-fu, lui avait transmis la flamme, et il pratiquait les arts martiaux avec dévotion. Il avait même fait du K1 et un de ses combats avait été retransmis à la télé. Comme j’avais été pratiquant de cette boxe, on a vite accroché. Je l’ai converti au catch, on se commentait les émissions de la WWE qui passait le jeudi soir. Un jour, il est venu chez moi, et on a bricolé une affiche pour un de ses combats. Avec les Nitwits, on lui a même enregistré un thème d’entrée sur le ring, une adaptation d’une de nos chansons (« Feroman », d’ailleurs inédite).
Nous avions un autre chef, beaucoup plus détendu, mais honte à moi, j’ai oublié son nom. En discutant au hasard de ses aller-retours entre le poste de surveillance et les bureaux, j’avais réussi à glaner deux informations le concernant : Il aimait la musique et jouait de la basse. De plus, par déduction, je devinais que c’était un tueur à son instrument. On sent ce genre de chose, et le zicos qui a un peu de nez sait différencier la grosse bouche du vrai praticien : sa façon d’être, sa façon de parler de la zique. Lui, par exemple, avait un style vestimentaire excentrique mais discret. Il mettait des vestes violettes et des chemises bleues, mais possédait un maintient si chic qu’on ne voyait que son élégance. C’était un fan de Magma, de Zappa, de progressif, mais il n’en parlait jamais comme un bigot, à dire des trucs médiocres du style « ça, ce sont des musiciens, des vrais ». Non. Il en parlait à mots couverts, il en parlait sans gouaille, il en parlait comme un mélomane parle à un mélomane : « T’as écouté cet album ? Ce morceau ? C’est cool hein ? ». Il n’en parlait pas comme quelqu’un qui sait, mais comme quelqu’un qui aime. Le mauvais cherche les défauts, le vrai admire les qualités. Assez de formules, à ces instants là, nous étions sur un pied d’égalité. Je sentais qu’il faisait ce travail avec conscience, mais que sitôt terminé, il courait broyer des croches avec d’autres complices. J’aimerais retrouver son nom.
Revenons au poste de surveillance mentionné plus haut. Chaque matin, il fallait y passer pour récupérer la télécommande de la barrière qui nous était attribuée. Deux pompiers s’y relayaient tous les deux ou trois jours. Ils avaient tous en commun d’être chauve et adipeux, avec la bouée au niveau de la nuque. On était loin du calendrier avec des soldats du feu sexy. Avec ma tignasse, j’ai rapidement eu droit au surnom de « Mick Jagger », auquel je me faisais. Pardonnez-leur, car il ne savent pas ce qu’ils disent, n’est-ce pas ? Pas de quoi déblayer un cimetière au bulldozer. Un jour, je viens chercher le bip. Ils me saluent « Salut, Mick Jagger! » et moi du tac au tac « Héhé, salut, si vous voulez, je peux vous prêter des cheveux. » J’avais dit ça sans penser à mal, c’est le premier truc pseudo-rigolo qui m’était venu. Mais juste après cette phrase, il y a eu un blanc. Et je réalisai qu’au dessus de leurs yeux écarquillés, il y avait des calvities inassumées, mal dissimulées sous leur crânes rasés. Un coup de botte dans les testicules n’aurait pas fait meilleur effet. Je suis sorti vitos, avant que ça ne tourne au malaise. Encore une illustration de mon piètre sens de la réplique, même si cette fois, elle était drôle.
Les jardiniers et les électriciens croisaient souvent notre chemin. Entre échelons les plus bas de la société du personnel hospitalier, nos relations étaient cordiales. Nous buvions des litres de café et fumions comme des pompiers chevelus. Le chef des jardiniers, Faouzi, était frappé de nanisme. Un jour, je vois une grande poubelle à branchage avancer toute seule vers moi, non sans témérité, menaçante et prête, certainement, à me faire exploser la tronche par télépathie, comme le pneu de Rubber. Devant le poltergeist, mes jambes se paralysent, les sueurs froides me coulent, la peur me gagne. C’était Faouzi en train de la pousser, de là où je me tenais, je ne pouvais pas le voir. Je m’entendais bien avec un électricien, qui avait reconnu, à ma degaine molle et chevelue, que je devais aimer la musique. Quelle ignominie de ma part, je ne sais plus son patronyme. C’était un fan de Heavy Metal, il devait avoir plus de la quarantaine à l’époque, et ne jurais que par Judas Priest, Iron Maiden, Vulcain et consort. Quand il en parlait, on voyait dans ses yeux la révolution qu’avait causé le « métole » en lui. Son dada, c’était l’ingénierie sonore. Grand défenseur de l’analogique, il m’expliquait, par le biais de la psychoaccoustique, pourquoi ces ondes issue de la physique concrète parlaient plus au coeur que le numérique. Il avait, me disait t’il, toute une collection de micros d’époque. Je saisissais l’occasion. Avec mon groupe de Sludge, Supertimor, on allait bientôt enregistrer. J’avais une console huit piste et un ordi, mais de micros, nenni. Ce saint homme n’attendit même pas que je demande, et me proposa les siens, que j’acceptais aussitôt. A son discours, précis, attentionné, détaillé et amoureux de son parc transducteur, je flairai la bonne occase. Bien m’en pris, car il m’apporta bientôt, empaquetés dans des boites douillettes, d’authentiques reliques des années 70. Des objets qui ressemblaient à des bouteilles de shampoing dorés ou argentés. Malgré mon ignorance crasse (peut-être s’agissait-il de senheisers), mon instinct me laissait deviner que ces accessoires étaient de dignes représentants de l’enregistrement professionnel à l’ancienne. Avec le groupe au nom d’insecticide, on s’est enfermé trois jours dans le local 59, sis hôtel de la musique, Capelette, on a branché tout ces capteurs, et on s’est enregistré live. On a rajouté les chants, les synthés, les congas, le vibraslap, la crecelle, les maracas, le tambourin, l’appeau à bartavelle, le sifflet à coulisse, le klaxon de clown, les clochettes chinoises et le poulet en plastique derrière. Yo, trop relax, Max. Une fois le disque en boite, je faisais écouter les bandes à l’electricien, le jour où je lui rendait son matériel, ça lui plût. Belzemouk taquinait la gratte, il y avait des soli bien torchés. Loué soit ce personnage. Quand le destin nous permît enfin de sortir Double Impact, grâce à l’adorable Rodolphe Fénart (que ses pas foulent des miliards de pétales de rose), Nicolas Dick, qui s’occupait du mastering, m’appela pour me dire que j’avais fait un super boulot. Quel honneur ! C’était surtout à cause des micros de l’électro. Béni soit tu, l’ami, une place t’attends au paradis du rock.

Seule mésaventure remarquable : Un soir où il pleuvait des trombes d’eau, et que je m’abritai sous le préau de l’entrée en grelottant, un vieux bonhomme sorti du rideau de gouttes, s’engagea sur le parvis, glissa, lança une jambe en l’air, tomba à la renverse, et s’éclata la tête par terre. Le sang melé a l’eau de la flaque dans laquelle il était tombé gicla en gerbe rouge, si bien que sur le coup, je cru que son crâne avait explosé comme une pastèque. Je fonçais à l’intérieur chercher du secours. « Ohlala, il y a un monsieur qui vient de tomber ! »Le réceptionniste n’hésita pas une seconde. « Tiens, prend cette chaise roulante, mets-le dessus, et emmène-le à l’entrée des urgences. » Je ressorti, soulevais le type sonné, le posais sur la chaise, et l’emmenais aux urgences sous un déluge de hallebardes, obligé de me dépatouiller dans les allées minuscules y conduisant. Tout en poussant, je n’arrêtai pas dire « tenez bon, tenez bon ! » comme si je secourais un marine blessé en pleine guerre du Vietnam. Je l’ai livré encore vivant, en gesticulant, au service approprié, qui le récupéra sans commentaire. Ouf. En y repensant, c’est quand même assez fou. Cette capacité à se défausser de certains, ça m’épate. On était dans un hôpital quand même, vous savez, cet endroit rempli d’infirmiers et de médecins. Ils auraient pu, je sais pas, faire passer le malheureux par l’intérieur du bâtiment, plutôt que de le laisser s’humidifier dehors, transbahuté par un incapable. L’important, c’est qu’il a été pris en charge, espérons que ce n’était pas grave. Je ne l’ai jamais revu.

Alors que les jours passaient le long du boulevard de Louvain, sous les arbres en fleurs, verts, jaunes, ou dépourvus de feuilles, mon activité principale consistait à écouter de la musique pendant des heures. En mode aléatoire, comme la vie. Entombed, Parliament, the Briefs, Maceo and all the King’s Men, Ugly Duckling, People Under The Stairs, Cannibal Corpse, John Cena & Tha Trademarc, Blood Duster, Lalo Schiffrin, Supergrass, KC and the Sunshine Band, la bo de Maniac Mansion, le Rocky Horror Picture Show, Lords of the New Church, Grinderman, Phyllis Dylon, Sleep, Emperor, Skip James, X-Ray Specs, Gang of Four, James White & the Blacks, the Raincoats, the Shaggs,Basil Poledouris, Klub des Loosers, Stupéslip, TTC, Mr Scruff, La bande son d’Evil Dead 3, Devo, Deadmau5, Gainsbourg toujours, Zeke toujours, Wipers toujours, Pavement, Babatunde Olatundji, Syl Johnson, Martha Reeves, Crumb, Rescue Rangers, Mulatu Astatke, Elektrolux, x25x, PiL, Flipper, Napalm Death, Brutal Truth, Mojo Nixon, Apostrophe/Overnight sensation de Zappa, Spotlight Kid/Clear Spot de Captain Beefheart, les Ramones, les Beatles, les Beastie, plus une myriade de singles, les disques Nuggets compilés par Lenny Kay, les Children of Nuggets rassemblés par Alan Palao, etc, etc. En commun, un je-ne-quoi d’énergie du désespoir. Tout énumérer ne serait qu’un prétexte pour augmenter le nombre de mots dans ce texte.
Beaucoup de fois je mettais les sons des groupes dans lesquels je jouais, pour garder la mémoire fraîche, décortiquer les morceaux, théoriser mes plans, et m’auto-satisfaire.
C’était l’époque où le rock était institutionnalisé, le punk, le metal et l’électronique en voie de respectabilisation. Il y avait trop de nouveautés. Je les écoutais avec un respect homéopathique, mais il m’importais surtout d’apprendre mon histoire de la musique populaire depuis la fin de la seconde guerre mondiale, Je voulait connaître mes ancêtres et les révérer comme dans un culte animiste. Il y avait cohorte d’artistes, quand aux récentes sorties, elle deviendraient des classiques aussi, je n’en doutais pas. Il fallait juste que je trouve la bonne proportion entre chaque , puis laisser planer tout ces loas autour de moi. L’important me paraissait de toujours remonter a la source, l’eau y étant claire.
Je n’en suis pas très fier, mais je fus un des premiers zombie à écouteurs de la ville. Un infecté. Enfermé dans sa bulle, enfermé dans son monde, dans la rue, dans les transports, au boulot, dans la vie, dont je ne sortais que pour rentrer dans mon monde secret de concerts. Pendant cette stase, j’ai avalé plein de trucs. Maintenant, je ne suis plus qu’un zombie. Les prochains seront très cultivés, n’en doutons pas.
En été, je petais de chaud, en hiver, je me jetais sur chaque plaque chauffante que daignait laisser au sol le soleil invincible. Passé quatre heure de l’après-midi, il n’y avait plus d’autre alternative que de se peler les miches en se tortillant, les mains soit dans les poches, soit appliquée en masque contre la bouche, pour les réchauffer du souffle chaud de la température interne. Par tout les temps, je n’avais qu’une hâte : répéter avec les potes.

Ce matin là, en arrivant, j’étais primesautier. J’avais pris les congés que je ne posais jamais. Et pourquoi, me direz-vous ? Et bien parce qu’aujourd’hui, midi, JE PARTAIS EN TOURNÉE ! Fébrile, je demeurais. Rien ne suscitait plus l’impatience en moi que de rejoindre mon groupe. C’était le seul moment où je me sentais à l’aise, détendu et pas fâché d’être moi.

Quand on prend ses distances avec les groupes, vous devenez un oméga, et vous vous apercevez que pour survivre, vous n’avez pas le choix : il faut faire partie. Meme si vous êtes un rebelle, vous devez vous acoquiner avec des rebelles. Si vous êtes aussi rebelles aux rebelles, vous rejoindrez un groupe maudit parce que non regroupé, et donc proscrit de tous : celui des individus inadaptés, et/ou apathiques et/ou insociables, et surtout, sans ou, inclassables. L’individu seul est négligeable. Une seule cellule de l’organisme multicellulaires est sacrifiable. Mon groupe, c’était mon groupe, et tout les aficionados de musique si affinités. C’est pour ça que j’accumulai le plus de connaissance possible. L’érudition c’est le tout compris : classique, moderne, avant-garde, pop, sport, politique, histoire, la liste n’est pas exhaustive. Savoir tout sur tout, bien sur c’est impossible, mais c’est mieux d’en savoir trop que pas assez. On peut s’entendre avec beaucoup de gens. Au delà de ça, la culture c’est un champ clôturé de haies. On peut les traverser si on n’a pas peur de s’égratigner. Alors on se retrouve dans l’espace infini de la contre-culture, qui est comme l’antimatière pour la matière. la contre-culture, ça se résume a ça : la poursuite sans fin de l’érudition, comme moyen d’entendre tout les hommes. Cette activité occupait mes solitudes. Et puis, cela me rappelait Grand-Père.

Assez blablaté, le camion arrivait, entrait dans l’hôpital , s’arrêtait sur le rond-point central. Je me jetai dedans avec encore mon manteau sécurité sur les épaules, mon sac à dos préparé dans la pogne. J’enlevai immédiatement mon uniforme. Tout les copains de Ntwin et Nitwits étaient là : Roland, Pia, Régis, Ritchie, Juan, Matwis. Il ne restait plus qu’à appuyer sur le champignon et viser l’extérieur !

(à suivre)

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