Ma fête de la musique (Mad Professor et… euh et puis c’est tout !) Marseille. Prado, Castellane, Le Panier. 21 juin 2008

 Dans Chroniques de concert

« Ah Morosité ! Qui s’installe en chaise longue pour regarder sa frangine Silence danser le tango corse ! » (un mec bourré)

Ce sont les clameurs joyeuses et les chansons à boire des Clermontois vainqueurs qui donnèrent le départ de ma fête de la musique. Des rythmes simples, des paroles faciles à retenir et beaucoup de bière me faisaient espérer une soirée plutôt sympa. Je m’imaginais déjà goûtant les différents sons comme on déguste un large assortiment de petit plat au restaurant indien.

« Il faut que j’aille faire pipi ! » dit ma copine.
« Ok. On y va après ? »
Elle aquiesca du chef en se levant et entra dans le bar. Le soleil sombrait dans le stade vélodrome. Sur le Prado, les jaunes et bleus et les jaunes et rouge fusionnaient, chantaient et buvaient de concert (sans jeux de mots). Pas d’autres mélodies dans les parages sinon « allez Clermont ! ».

Un métro bondé de supporters plus tard, nous descendîmes à Castellane.
« Arg Il faut encore que j’y aille » dit ma chère et tendre alors que nous sortions de la station.
Ça tombait bien, nous avions rendez-vous avec des amis à elle dans un bar de la place.
Gouttes et présentation faites, nous nous s’installâmes autour d’un verre.
De la vague House de compil tuning tournoyait autour de la fontaine en marbre de Carrare, pas de quoi fouetter un teufeur.

Nos foies suffisamment noyés, nous reprîmes les transports en communs. Direction Vieux Port.

Aucun bruit ne troublait la mer, si ce n’est le grincement sourd des coques de navires et le pépiement de la multitude de voix humaines en ballade. Pas de baffles, pas de hauts parleurs, pas de hi-fi, pas de système qui permettrait de faire sortir un son d’un gramophone jusqu’à des écouteurs en pots de yaourt. Mon immortel amour me lança un regard qui en disait long sur la petitesse de sa vessie. Comme moi aussi, j’avais forcé sur le pastis, et que le barrage commençait à céder. Nous pressâmes le pas jusqu’à notre objectif : le Panier et sa fête.

Place Victor Gelu, on entendit enfin la rumeur d’un groupe en train de jouer. Celui-ci pratiquait l’art de la reprise musclé avec maîtrise : un gros son rock, une batterie qui claque, une gorge qui s’écorche, tout au carré. Sympa. Mais nous tournâmes vite au coin quand la reprise phéromonées de Seven Nation Army s’alourdit des tristement célèbres « Po. Po po po po pooo. Po » qui vont désormais avec. Ces popopos qui jadis plombèrent les ailes des violons d’ I will survive.

Finalement arrivés place de Lenche, et nos urines enfin déversées, nous trouvâmes une petite table sur la place pour nous installer et grignoter un peu (et surtout, recommencer à se mettre minable !). Un sympathique groupe Oriental jazz jouait sur la scène, cerné par la masse compacte des familles et des galopins tout excités de pouvoir crapahuter bien après l heure du dodo réglementaire.
Le set de l’orchestre prit fin alors que nous entredévorions un plat de pâtes au saumon servit par un sosie de Frank Black super cool. Les backliners se mirent à s’affairer autour des instruments. Ez3kiel prit le relais dans les enceintes.
Ce n’est qu’après une longue série de S.M.S codés échangés avec nos potes, que nous comprîmes enfin que le gig de Mad Professor avait lieu un peu plus loin dans le Panier (Place des Sex Pistoles). Nous nous engageâmes donc dans les sombres profondeurs du quartier.

Les ruelles étaient pleines. Surchargées. Étroites et mal éclairées. La fumée des innombrables barbecues nous plongeait dans un fog épais que n’aurait pas renié Jack L’éventreur. Le jus de merguez suintait sur les murs. La tension était palpable dans le peu d’espace qu’il restait pour avancer. Une bagarre éclata entre un cow-boy lanceur de serpentin et quelques desperados locaux, accentuant encore l’impression bizarre d’évoluer dans une maléfique kermesse du Far West.

Place des Pistoles, Mad Professor entamait son show. La foule était encore plus dense que dans les rues. Nous tentâmes une première percée à l’intérieur. Traverser la foret vierge avec une lime à ongle aurait été plus simple, et les couinements hystériques d’une babos surexcitée nous firent rapidement rebrousser chemin. (Jamais entendu des stridulations pareilles. même une apple scruff n’aurait pas fait mieux)

Nous finîmes par trouver un trou où se planter et la douce odeur de weed qui planait au dessus de nos tête me fit agréablement rentrer dans la musique.

Le ventru Mad Professor et son comparse sautillant sur la scène, balançaient gros dubs sur dubs (c’est comme ça qu’on dit ?) avec une bonne humeur communicative, envoyant d’étranges rythmes qui frôlaient parfois la froideur new wave ( !), sonnant la charge à coup d’alarme extra-terrestre. Absolument néophyte en la matière, je me contentai de me laisser bercer par la mélodie de ces caves tropicales, où l’on fait pousser l’herbe de Jah, imitant les pas de danse saccadés de ses serviteurs. Les énormes infra basses faisaient vibrer mon diaphragme. Les rim-shots ricochaient dans mon cerveau. Pas de quoi fouetter un pingouin, mais je passai un bon moment. Rapidement vint la fin du concert.

J’allais retrouver ma copine au bout de la rue caisserie, sur le parvis de l’eglise Saint Laurent. Une émotion sincère me pinça le cœur en chemin alors que j’apercevais un trio de vieux rockeur sur le perron d’un bar. Il jouait mollement de ce rock qu’il avait du tabasser à fond les ballons quelques décennies plus tard.

« J’ai envie de faire pipi » dit mon précieux trésor d’une voix lasse.
« Rentrons » répondis-je mollement.

Ok ok ok. On ne peut pas dire qu’il se soit passé grand chose pendant cette soirée. A la lecture de la chronique de Philippe, je m’aperçois que nous aurions pu prendre un parcours plus sympathique. Croiser plus de groupes. Il y avait le concert annuel de hardcore à la pref’, les Splash Macadam, DJ Gabin, Smack la, etc.

Il me semble cependant que dans l’immensité des grands boulevards de Marseille aurait pu se trouver plus de formation, plus de musiciens et moins de sound systems. Ici se pose la question : Qu’entend-t’on par « fête de la musique » ?

Ne trouvait-t’on pas il y a quelques années à la même date des affiches qui jouaient sur ces mots ?
« Faites de la musique » pouvait-on lire au-dessus d’un dessin de Wolinski représentant un musicien classique bourrinant un tambour. Presque un commandement.
Ce 21 juin ne devrait-il pas être le jour où chaque musicien du dimanche, chaque mélomane, chaque virtuose, chaque personne sortirai avec son trombone, sa guitare, son balafon, son triangle, sa voix nue, pour partager sa passion, ou juste faire un ramdam de tout les diables ? Où tout le monde se taperait un bœuf d’enfer ?

Ce serait un bordel pas croyable, ouais.

Mais une symphonie du chaos dans TOUTE la ville, au pied de chaque immeuble, c’est quand même plus gai et plus païen pour célébrer l’été , non ?

Bon, j’arrête de faire des phrases :

*1 Y avait trop de silence pas assez de zique à la fête de la zique, merde !
*2 Saleté de métros qui stoppent à 00h30 !?

 

 

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