La femme hors du temps

Assise près du monde, c’est la femme hors du temps
Regardant la foule à l’humeur incertaine.
Observatrice muette à contretemps,
D’un royaume d’hommes la temoin lontaine.

Agacée des troupeaux d’hystéries affolées
Qui galopent à dos d’hypocrites rancœurs
Habillées de tenues aux étoffes stylées
Du moment. Elle n’est pas dupe de ces ferveurs.

Soudaines, impermanentes et hâtives.
Elle connait le futur de ces ames bornées
Elle en a une image définitive :
des mouches prises dans la toile d’araignée.

Ici, les bergers se demandent s’il faut
Acheter des chiens pour protéger leurs chevreaux.
Là,des marins se questionnent sans blaguer S’il faut mettre des voiles aux bateaux pour voguer.

Leurs yeux rivés hagards sur de fausses brillances
leurs contours indistincts se fondent en masse
Affreux prisonniers d’une esclave indolence
Fruit d’un énorme jugement par contumace.

Elle entend le rugissement du maelström
Automatique, ferreux et électrique,
Les chants monotones sur des notes fantômes,
L’aboyarde intelligence automatique.

La femme hors du temps que ces soucis oppressent
Est coite d’impuissance. elle ne peut que ronger
Son frein de rage. Son corps le confesse :
Elle n’a ni bras ni jambe, elle ne peut pas bouger !