Une journée de Skeletor

 Dans Skeletor confiné

6h30 : le réveil sonne aux accords de la danse macabre de Camille Saint-Saens. Skeletor à tâtons, tente de l’éteindre, mais l’appareil tombe derrière la table de nuit, obligeant notre héros des temps modernes à se lever pour extirper l’engin qui braille. Tentative avortée de retour sous la couette, Panthor est au pied du lit, geignant pour qu’on la promène.
6h40-7h30 : Par le froid glacial typique de la saison des phoques moines, Skeletor sort sa bête. Le félin renifle chaque centimètres carrés du sol avec la plus grande attention.
-Allez, dépêche Panthor, on se les pèle !
*sppprrrouuuaaatchh*
Le fauve évacue de ses entrailles un colombin formidable. Skeletor ne ramasse pas, regarde autour de lui, part en catimini.
Un cri l’arrête dans sa fuite, celui d’un petit vieux en train de musarder avec son chien, un roquet pelé aussi rassi que son patron. Remontrances et leçons de civisme, Skeletor est un gros dégueulasse. Sans prévenir, Panthor se rue sur le clebs epouvanté, la laisse s’enroule autour des jambes de monsieur S, qui trébuche et s’étale dans la crotte géante. La panthère mange le chien et le vieillard. Tout couvert d’excréments et passablement énervé, Skeletor traîne Panthor jusqu’à chez eux. Café.
7h30- 8h : Douche. Skeletor parvient à enlever le caca, mais l’odeur persiste malgré tous ses efforts. Café.
8h-8h30 Le Bleu d’Eternia fait un million de pompes, cinq cents mille abdos, cinq cents mille tractions, cinq cents mille squats avec Panthor sur les épaules. Café.
8h30-9h Encore un café, puis Skeletor s’entraîne devant son miroir, face a un hypothétique Musclor. Dans le feu de l’action, il met un malencontreux coup de hache dans sa commode, qui explose en mille morceaux. Trop de café.
9h10-11h30 : Skeletor se vautre dans son canapé avec son téléphone portable, sous prétexte de commander un nouveau meuble, en réalité il se lance avec un espoir désespéré dans une recherche de notifications, qu’il ne trouve nulle part. Comme d’habitude, aucun message dans sa boîte aux lettres électronique, aucun j’aime sur Tronchalivr. Il verifie ses statistiques sur BodyCount(c), qui stagnent depuis près d’un an, puis recommence le cycle. Mail, Tronchalivr, BodyCount, Mail, Tronchalivr, BodyCount, Mail, Tronchalivr, BodyCount, Mail… Rien, toujours rien. Skeletor ne se sort de sa spirale infernale que lorsque Panthor, qui couine depuis un quart d’heure pour sortir, parvient à le tirer de la torpeur numérique.
11h30-12h : Seconde balade pipi-caca. Skeletor espère croiser la petite gothique qui lui sourit quand elle l’aperçoit. Le monstre pourpre produit des estrons extraordinaires, urine des fleuves entier. Sur le chemin du retour, ils croisent la jolie fille tant attendue. Panthor la mange.
12h-13h : Déjeuner. Au menu, surgelés : pissaladière de crapaud, rôti de phacomochère, petit suisse à la glaire. La pissaladière fond, le rôti brule, le petit suisse coule. Skeletor note mentalement qu’il doit changer de micro-onde. À la fin du repas, il fume une cigarette roulée accompagné d’un verre de siprytus à quatre-vingt-seize degrés.
13h-14h : Sieste. Après une période de brume épaisse, le capuchonné carnassier se met à rêver, ou plutôt cauchemarder, que Musclor le poursuit sans relâche, les lèvres figées dans une moue de succion, pour l’embrasser. Alors qu’il est coincé, sans issue pour s’echapper, Skeletor se réveille en sursaut, en poussant un cri sourd. Café.
14h-14h05 : Le King du pas cool essaye péniblement d’avancer sur son autobiographie « Guerre et Guerre : ma vie, mon œuvre » (neuf pages en neuf ans).
14h05-15h45 : Skeletor laisse tout en plan. Branle-bas de combat, une notification sur Tronchalivr ! Mais celle-ci est décevante, c’est juste pour signaler qu’aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Poitos. Après de longs débats intérieurs, afin de savoir s’il serait sympa ou non de le lui souhaiter, mais qu’il n’aime pas ça, mais que quand même il faudrait, il se décide à contrecœur de laisser un message : « joyeux anniversaire Poitos, gros bisous, S. »
15h45-16h : Le génie démoniaque echafaude divers plans de domination du monde. Il songe notamment à fabriquer une fausse planète en papier mâché puis d’y transferer la population en lui proposant des t-shirts gratuit, mais fini par se rappeler qu’il a déjà vu cela dans un épisode de « Minus et Cortex ». Fin de l’activité.
16h-17h15 : Skeletor regarde un vieux combat de catch sur Tutube, El Slipo contre le Docteur Frankenstein Hitler, celui où El Enmascardo De Caca se fait étriller par le méchant praticien, puis, il essaye de tester les prises sur Hamsterula, rongeur des ténèbres. Pour se venger, le mini-vampire l’hypnotise et le laisse planté sur place, bras ballants et bouche ouverte, pendant une heure.
17h15-17h30 : Questionnements existentiels. Est-ce que le maniaque monstrueux devrait sortir se farcir quelques eterniens sans défense ? Il hésite. Une flemme sans nom le cloue à son fauteuil. Bah, il profitera du dernier tour de Panthor ce soir…
17h30-18h : Un casque de réalité virtuelle sur la tête, le sorcier scélérat joue à Confinement Simulator, la nouvelle coqueluche des gamerz. Objectif : dans un monde fermé de douze mètres carrés, avec une liberté d’action nulle, il faut attendre un temps indéterminé que le jeu vous libère.
-Il est nul ce jeu, dit Skeletor en reposant le VR.
Une déplaisante sensation d’avoir été floué de plusieurs écus l’envahit.
18h-19h : Répétition des errances informatiques de la matinée.
Skeletor poste sur Tronchalivr la photo d’une bouse de Panthor prise deux jours plus tôt, et qui selon lui, à la forme du château des Ombres, en priant pour obtenir un succès foudroyant. Par sa boîte aux lettres, il envoie un long message de remontrances à Tonsofviagraah@chtenik.con, en demandant pourquoi il n’a toujours pas reçu sa commande (12989 écus), que cela fait plus de deux ans qu’il poireaute, et qu’il se retient de ne pas porter plainte. Ensuite il parcourt les différents dossiers. Toujours aucune trace du message d’amour de Démonia, qu’il attend en vain depuis vingt-cinq ans. Après un énième gros soupir, il fait défiler sans fin la liste BodyCount des meilleurs fléaux, en espérant voir son nom monter miraculeusement dans le classement. C’est de nouveau Panthor qui l’extirpe de l’emprise du net.
19h-19h30 : Ultime promenade de la journée. Skeletor a tellement froid qu’il en devient tout bleu (enfin, bleu foncé).
-Forcément, à sortir en slip par ce climat… Demain je mets ma culotte en fourrure.
À la vue du monticule fécal fumant libéré par son large léopard, il se dit qu’investir dans une grue à potence horizontale ne serait pas une mauvaise idée. En fouillant dans les poubelles, il récupère une paire de chaussettes trouées, des maracas fendues et un aspirateur sans tuyau. On ne sait jamais, ça peut servir. Incroyable ce qu’on peut jeter. Pas une âme dans les rues, Skeletor abandonne ses idées de massacre sans vraiment renâcler.
19h30-20h30 : Plateau repas devant la télé. Médaillons de cochon d’Inde sauce mucus froid. Skeletor peste contre les informations. Titres principaux, une vieille dame mord un chien, un pit-bull appelé Kiki. Débat houleux entre le professeur Yaourt et le ministre de la santé Basile DeKoch, à propos de l’efficacité des suppositoires effervescents à la chlorophylle sur le virus666. Un homme battu à mort à coup de bananes mûres sur un parking de Chonchon-les-Arsenaux, qui va payer le ticket de stationnement ?
Il vitupère contre les publicités idiotes, insulte une émission de télé stupide, Balance Ton Phoque, presentée par ce crétin de Cyril Bouffona. Au deuxième lancé de phocidé, Skeletor lance ses médaillons sur le poste.
20h30-22h08: Après avoir nettoyé l’écran, le Bandit Bleu décide de regarder un film. Tout en fumant des clopes et en buvant du spirytus, il se refait pour la trois millionième fois « Cannibal Holocaust », et se marre comme un bossu. C’est le seul moment de la journée un peu agréable.
22h20-22h30 : Son brossage de dents effectué, ses anti-dépresseurs avalés, Skeletor se jette sous la couette. Il règle son réveil, puis ouvre le roman qu’il a en cours, « Bien au chaud dans mon trou » par Vinzo Palacio. Il commence à lire.
22h31-6h30 : Nuit agitée, comme à l’accoutumée, faite de brouillard, de cauchemars de Musclor amoureux, et de reveils-pipi somnambuliques.
6h30 : le réveil sonne aux accords de la danse macabre, de Camille Saint-Saens. Skeletor à tâtons, tente de l’éteindre, mais l’appareil tombe derrière la table de nuit, obligeant notre héros des temps modernes à se lever pour extirper l’engin qui braille. Tentative avortée de retour sous la couette, Panthor est au pied du lit, geignant pour qu’on la promène…
-Et ça recommence… Ce confinement est un véritable jour sans fin ! se lamente notre chevalier à la maigre figure, prisonnier de l’espace-temps.

Pauvre Skeletor.

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