Pokett + Fillette en concert Le Lounge – Marseille 10 décembre 2010

 Dans Chroniques de concert

Qu’est ce qu’on voit quand on entre dans le Lounge un soir gelé et que nos yeux tombent sur le petit étalage de disques à l’entrée ? Le nouvel album de Pokett..
Vendu avec des lunettes…
Des lunettes 3D.

Lunettes 3D ! Trop cool ! J’en chipe un paire immédiatement.
Le monde devient subitement bleu… rouge… euhhbleu… bleu et rouge. Violet ? Mmm.
Vous en avez déjà mis des lunettes 3D hein ? C’est tellement bizarre à décrire. Je me demande même si le fait de mettre des lunettes 3D pour regarder de la 3D, ça ne ferait pas voir le monde en 4D, ou en 6D ? Parceque les lunettes 3D, c’est quand même fait pour regarder de la 2D. Donc les lunettes 3D rajoute une dimension si je comprends bien… Oula.
Les gens, les murs, les chaises et le comptoir, se mettent à clignoter comme des miroirs.
Pokett en profitent pour monter sur scène. Je me rapproche un peu, bien décidé à tester mes théories sur la stéréoscopie.

De Pokett que vois je d’abord ? Un barbu rouge et un guitariste bleu, une bassiste bleu et rouge, John Lennon à la batterie, qui joue un morceau qui ressemble à Georges Harrison… Non ca ne peut être que la coïncidence de deux univers parallèles qui s’entrechoquent. Ce n’est visiblement pas un acte de vampirisation de la part du groupe. Dans leurs regards on lit le désir de vouloir s’échapper quelque part, comme quand on est assis sur son lit par un après midi d’hiver et qu’on se passe dans la tête le film d’ autoroutes qui défilent à l’infini. Presque endormi sur le volant, le bras chauffé à blanc après des heures d’exposition au soleil sur le rebord de la fenêtre, le cliquetis des maracas en plastique accrochées au rétroviseur s’ emmêle avec les basses du moteur. On avale les lignes peintes sur le goudron et on a envie d’allumer la radio. C’est Pokett qui passe. Le dernier tube du dernier album de Pokett, annonce d’une voix caressante l’animateur de la radio, en 4D. Ca fait du bien, car c’est exactement le genre de morceau pour mettre la goutte de kérosène qui manque et se crasher enfin dans l’espace temps pour exploser en millions de particules accélérées, foncer jusqu’à la prochaine aire d’autoroute paumée pour se rappeler avec émotion, un café noir dans la main, qu’on a passé un bon moment. Ces lunettes marchent vraiment bien !

Pendant le changement de scène, celle qui me donne une raison de vivre me tend ses notes de concerts, écrites sur des tickets de caisse. On lit ensemble l’écriture menue entre les tristes chiffres:
« Un petit pavé dans la poche de notre cité pour cette pop à la Pavement et vive le xylo dans une pochette de PC »

Elle me propose une cigarette. Je suis sa trainée miroitante.
Les lunettes 3D me donnent une putain de migraine. Je les quitte, soupirant de regrets en les fourrant dans ma poche.
On fait quelques minutes d’aérobic pour survivre au froid et on rentre, Fillette va commencer ! On s’assoit dans un coin stratégique pour écouter.
Musique métallique. Qui se joue avec des cordophones et des membranophones. Sans système de notation. Des sons bouddhistes s’extirpent de ce fracas, qui devient autant de cymbales de cérémonie. La basse récite un soutra profond qui enfle et prend toute la salle comme un nuage de corn-flakes soufflé par un bonze géant, tandis que les guitares, soumises et respectueuses, têtes baissées, émiettent des notes qui tombent sur le plancher, régulières comme d’un chapelet les perles. Le chanteur bat son batteur a coup de guitariste : du vrai tri tribal. Cooooool.

C’est le son de ces rues, où l’on s’éjecte après le concert. Résonnant sur chaque murs couverts d’affiches estropiées, chaque caniveau humide ou se reflète la nuit, chaque son de voiture qui passe comme un bison égaré dans le noir, chaque pas solitaire dans la vaste cosse qu’on appelle Marseille.
Je me sens comme un supporter de l’OM,(Ok, Pokett sont de Paris, mais ce sont des frères de musique), parce que j’ai vu un chouette concert ce soir, et que je sais qu’il y a en a eu d’autre ce soir, et qu’il y en aura d’autres demain soir, comme il y en a eu hier. Pour tout les gouts et émotions. Et soudain je pense qu’on va être capitale de la culture en 2013. C’est cool, on va pouvoir entendre tous ces groupes et ces djs et ces mcs et ces mixeurs etc qui grouillent dans ces immeubles et qui existent comme vous et moi, qui se lèvent le matin et ce couchent le soir (et réciproquement), espérant chacun dans son coin pouvoir faire rugir leurs voix devant le reste du monde comme tout les infectés que nous sommes du quart d’heure de gloire. Putain j’espère vraiment ça ! Pourtant quelque chose me dit que 2013 va être un défilé de partenariats économiques et d’oeuvres endimanchés du genre La Grande Parade Accoustico Désincarné Parallèlement Au Sons Pictes Du Village Global ou de gentilles festivités familiales et intellectuellement consensuelles, voire les deux à la fois.

Merde, faut que je dépose un dossier !

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