Ode aux poubelles
Ô vous, les amoncellements d’ordures
Saupoudrées de créatures eventrées,
De tripes, de couscous, de saumure,
D’emballages, de couches tartinées,
Vous montez toujours plus haut vers le ciel.
Ô, les immortelles immondices
Déversantes leur entrailles par millions
Dans les abîmes de precipices
Avec tous les rats morts d’indigestion
Vous versez toujours plus bas que l’enfer.
Ô toi, le grand continent Détritus
Sous tes vastes rocs de plastique noir
Vers et asticots pétillent et sucent
Les bons miasmes juteux sur le trottoir
Pour eux plus délicieux que du miel
Ô, belle merde de l’humanité,
Elle qui préfére que l’on te sache
Cachée, qui préfère tant t’oublier.
Telle une Vénus belle et bravache,
Partout tu dégueules et tu en es fière.
Ô, rivières de pus des caniveaux
Les gros étrons debondés par les chiens
servent aux cafards de superbes bateaux
Pour suivre vos flots qui ne mènent à rien
Sinon vers les ténèbres des égouts.
Ô vous, les Golgothas avalanchés
Où jamais aucune croix ne se plante
Sur vous se promènent des indignés
Aux occupations inexistantes
C’est sur leurs téléphones qu’il font tout.
Ô, fruits pourris et yaourts périmés
Luisants dans la lourde et cosmique nuit
D’hiver. Baste, les mondes affamés,
les malchanceux que le bonheur a fuit.
Heureux, nous mourrons tous du choléra.