Killboy Powerhead + Most Beautiful Days + Creepy Cat’s Cadillac + Ya OK Yeah + The Sicilian Disasters + The H.O.S.T en concert Dan Racing, Le Lounge – Marseille 20 octobre 2012

 Dans Chroniques de concert

Ce soir les rues du Plateau sont parcourues de multiples silhouettes de tout genres et de toutes modes. Une parade hétéroclite qui converge au croisement de la rue Poggioli et de la rue des Trois Rois. Ca fait plaisir à voir : rastas saouls, punks en polos, belettes propettes, rockeurs affutés, buveurs professionnels, bobos biaiseux, cagolasses voraces; touts cohabitent comme autant de petits spermatozoïdes en quete des ovules musicales qui pulsent derrière les portes des clubs. Avec mon gang de Bourguignons, Eric et Gina, on se fond dans le décor avec aisance. Objectifs du soir : alterner les soirées qui se tiennent respectivement au Dan Racing et au Lounge. Du Punk et du Rock…Nah, une généreuse distribution de musique, 6 concerts et autant d’allers-retours d’une porte à l’autre.

Las, mon esprit pervers et ma faible constitution me font immédiatement tomber dans le piège de l’alcool frelaté, sitôt franchi l’antichambre du Lounge. Un verre de bière  » la Cagole  » suffit à m’enchâsser le crane dans un étau fatal, et progressivement, inlassablement, une armée de méchants petits marteaux s’emploient à me marteler le front. J’ai l’impression d’être coincé dans la chanson de Christopher Laird,  » Alleluia en pyjama « , pour vous donner une échelle de mesure infernale.
Heureusement, ma chère et tendre, en mode gonzo, est là pour me soutenir. Ses paroles seront entre guillemets. « Un petit tour pour s’en mettre plein la veine : plusieurs concerts en temps de fiesta : le rock prend sa place et au Dan ça dame le Lounge qui commence avec du visuel et on veut du son de la gouaille et du fringant. »

Effectivement, le concert de Most Beautiful Days n’a pas encore commencé, et on se dirige, nos verres de poisons lents en mains, vers le Dan Racing, où Killboy Powerhead fait l’ouverture. Le ronronnement keupon qui suinte par la porte capitonnée étreint Eric, qui balançait ses docks voilà 2O ans dans les caves maconnaises. Son coeur ne fait qu’un tour, et son corps possédé l’emmène dans le garage à bruit. On le suit dans l’antre du large Dan.
« On étripe un ou deux refrains de la vieille scène alternative … On se remémore les bons bals et la nostalgie une fois pointée on en redemande un peu ? Ca hume mais ça reste bien gras ».
Killboy Powerhead, au milieu des lasers, sacrifient des calandres et des Harley Davidson sur l’autel de la saturation. Eric dodeline de la tête en retrouvant ses amours éternels pour la musique qui fait sauter dans les coins des pièces humides.

Une clope plus tard, on traverse la mini-placette toute plaquée or par le jet diffus des lampadaires. Dans le Lounge le contraste tamisé est flagrant. Les Jours Les Plus Beaux jouent (Most Beautiful Days) sur du coton. Une batterie électronique vient brider l’énergie rock et la basse slapi-slappe derrière la guitare qui rape des accords crades entre les doigts de pieds. On prétexte une nouvelle pause cigarettes pour s’échapper poliment de la salle. Nous revoici dans la rue pour une nouvelle partie de ping-pong sonore. Les faces bigarrées se succèdent, et on se fraye un chemin entre les visages ouverts et fermés qui se clairsèment jusqu’à l’entrée basse du Racing.

 

 

Creepy Cat’s Cadillac attaque dans la pénombre étudiée du lupanar Danesque, libérant de grosses flaques de punk’n roll par les vannes de leurs guitares et la batterie daubée estampillée au nom de la salle. De nouveau, nous sommes de retour dans l’énergie pure, et c’est assez enthousiasmant. Gina prend des notes au coin du bar.
« Une chanson d’homo pour homo. La serveuse à un sourire à tomber avec ses couettes ! L’acoustique du lieu est toujours aussi désirable qu’un aspic. »
Oui, cela est vrai, une de leur chanson raconte l’amour entre le guitariste et le bassiste. L’Amour avec un grand A n’a pas de frontière, pas de barrière, c’est Guitar Wolf qui l’a dit ! La preuve, ma chère Gin tombe en pâmoison devant l’employée au look rockab derrière le zinc.
On a un petit débat en sortant. Sur l’originalité de la musique produite. Elle ressemble à beaucoup de choses passées, mais moi je m’en fous. Ce qui compte, c’est de faire sincèrement ce qu’on aime à un instant T, et c’est bien ce qui se passe.

 

 

On retourne au Lounge, qui résonne des ondes froides de Ya OK Yeah. Le regard d’Eric traverse l’espace temps et se pose sur la chanteuse éthérée qui lui rappelle ses amours secrets avec PJ Harvey.
« En chien de chasse Eric avec sa truffe poursuit la belle… Jolie voix mais le son ne suit pas…  »
Car il est vrai que le niveau sonore est bien bas. Parfait pour apprécier le timbre agréable de la naïade lyrique, Nefertiti des traverses mais le reste se retrouve mis en sourdine, comme un murmure fantomatique qui ricoche sur les murs plastifiés de planches de Fluide Glacial.

 

 

Sur les lattes de la micro-scène, the Sicilian Disasters au contraire vibrent de toute leurs auras CosaNostrique. Leurs mains noires s’agitent autour des instruments, menaçant des chansons de vengeances, de contrats sur des têtes, de braquages de haut-vol et de crime qui paie. La fratrie sans basse se sert les coudes et fait front face au public d’incorruptibles qui tient encore dans l’étouffante prison à mélodies.

 

 

Arrêt final sur le sol du Lounge, où l’on s’assoit pour profiter de nos hôtes ultimes, The H.O.S.T. Les ventilos exacerbent ma migraine. Tel les trois singes barbus de la Sagesse, les voici offert à nous, bien en ligne et tout humbles. Mizaru couvre les yeux de sa gratte, qui ne voit pas le mal. Kikazaru couvre les oreilles de son cajon, qui n’entend pas le mal. Iwazaru couvre la bouche de sa basse, pour qu’elle ne dise pas le mal.
Un son vertueux s’échappe alors de leurs effort combinés, et nous voilà projeté au milieu de terres désolées. Le ciel est menaçant. La pluie se met à tambouriner à travers le timbre du cajon. C’est un spectacle solennel et beau. Au loin on aperçoit deux condors qui slaloment entre les éclairs d’accords et les crevasses de basses. Leurs chants harmonieux répondent à la douce tempête qui caresse doucement le sol craquelé. Entre deux mélopées, je reconnais l’un des rapaces, c’est Mizaru transformé. Il croasse avec humour et blague avec les nuages qui se sont accumulés, spectateurs de son vol. Le frottement des stratocumulus sonne comme les applaudissements sincère d’un public conquis.

« Vive les poils ! »
La céphalée à raison de moi après la dernière note. Il est temps de retourner dans mon trou me tortiller comme un asticot blessée. Maudit sois tu, Mal de tronche ! Toi qui m’empêche de décrire au mieux cette soirée, l’énergie vivace qui emplissait le Dan Racing, L’ambiance feutrée et introvertive du Lounge, les vivats des foules dans les deux endroits, la concentration d’âmes dans le quartier qui me rappelle que nous sommes cinq milliard de cas particuliers, le regard vert absinthe de Gina, la joie de vivre le rock d’Eric, mes blagues de geek avec Xavier, la nuit trop belle pour durer et surtout, la musique qui remplit nos coeurs chaque jour, chaque heure, chaque minute…

Ne sortez pas sans votre Doliprane !

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