KG en concert sur le toit de sa bagnole. Les 9 Salopards. 09/07/2025

 Dans Chroniques de concert
C’est le train fantôme des rues, emporté sur un chariot à roulettes. Contrairement à l’attraction mentionnée plus haut, où le circuit parfois s’interrompt d’un passage à l’air libre, pour marquer le contraste entre réalité et monde fantastique, pour la sous-créature dans mon genre, tout est irréel. Dans le réseaux des ruelles entre la Plaine et le Cours Ju, c’est un défilé d’hommes, de femmes, de chiennes aux mamelles pendantes et de corgis curieux qui passent. Les murs crient de toutes les couleurs. Le chariot est garé de façon à ce que mon visage grignoté par la haine puisse embrasser les lieux avec aisance. Les bariolages de la rue crudere s’en vont vers le toit des immeubles. Il s’y faufile un couloir de ciel. la nuit ne va pas encore tomber. Le spectacle est en extérieur. Il fait bon.
Venus des steppes glacées de l’Alsace, au volant de sa fidèle bagnole/scene qui lui permet de jouer sur les parkings comme dans les plaines enflammées du Mordor, KG est venu se garer à l’orée du cours Julien, à une dizaine de mètres des 9 Salopards. Hélas, le trouvère des temps modernes ne peut installer son stage/toit, car la rue paraît trop étroite. Un haut praticable gardé par deux haut parleurs, est installé à la place. Mais finalement, persuadé par les arguments de Gina, l’homme recule sa voiture près de l’entrée de la salle, jusqu’au niveau de l’estrade de fortune, miracle, ça passe. Le show va bien avoir lieu dans les conditions prévues. Remy Bux, alias le prisonnier de guerre, alias Kriegs Gefangener, alias KG, l’ingénieur extraordinaire, le musicien aux multiples exploits (Ich Bin, Sun Plexus, Einkaufen) installe son petit plancher sur le toit de sa caisse, son clavier, et son ventilo. À la ville comme un homme de lettres du Grand Siècle, il revient après s’être changé, vêtu d’un perfecto sur un torse viril, d’un futal en latex modèle « on y voit la religion » et d’une paire de grosse lunettes de soleil façon policier de la highway patrol. Il monte sur son échafaudage, et avec un sérieux monacal dont il ne se départira jamais, allume son synthé ainsi que son ventilateur. Majestueuse, sa touffe vole au vent, c’est parti.
Le ménestrel invoque quelques aspects
de ces années 80 distordues, ridiculise la nostalgie d’une époque qui n’a jamais existé. Seuls le kitsch et l’absurdité ont survécu à l’authentique enfer que cette époque a été. Tout le reste, et bien, on le vit toujours : reaganisme cretinoïde, ultra libéralisme, vampire, esbrouffe perpétuelle, sourde oreille comme remède à tout les problèmes (les vrais problèmes), fanatisme idiot de tout bord et de tout poil, revival ringard, musique commerciale à chier. Remplacez juste le nom de reagan par celui de trump, et vous y serez.
C’est toujours le même flot continu et millénaire de l’iniquité, mais donc là, la bande son de ce soir habille le monde en synthétique, comme à l’époque de Tron. Les guirlandes guinguette ont remplacé les néons.
Outre moult bandes son de films, les sonorités froides, les arpegiateurs implacables et les rythmes lancinants de la musique m’évoquent Hotline Miami, le jeux vidéo qui a su si bien ressusciter l’esthétique surtendue, surbrutale et surviolente dont nous inondait Hollywood à cette période. Le paquet dans le moule-burne de KG vient nous le rappeler. D’un air impavide, il bat la mesure d’une main. parfois le bras levé, le téton a l’air façon Delacroix. Debout sur sa voiture, il a l’air d’une Liberté guidant le peuple. Des fenêtres s’ouvrent, en sortent les têtes de couples et de vieilles dames intriguées. Les touristes s’arrêtent, les badauds s’amusent, les amateurs etaient déjà là.
Son astuce, c’est la façon dont il se produit, dont il se transforme en icône de quelque chose qu’on se figure vaguement à travers les brumes du temps. La frime, l’assurance. Aujourd’hui il y a besoin de l’astuce, car le pouvoir de l’Astuce est grand, comme disait Yaourt le sagace. Si KG jouait juste sur une scène dans une salle, sa musique serait toujours excellente, mais susciterait il l’attention ? Ferait il se retourner les visages ? Faut il reprocher a l’artiste de recourir à une astuce pour attirer à lui le public ? Non.

Faut il reprocher au public de n’être attiré que par l’astuce ? C’est probable.
J’aime me triturer le cerveau, mais je sais qu’être trop cérébral fait se couper de la plupart des autres. Les esprits simples ont raison de l’être, et KG, mentalo-introspectif, sait leur parler, ce qui demande une abnégation de longue haleine. Quand même, il doit bien s’amuser dans son rôle de star indestructible perchée.
À la nuit tombée, le show est terminé. KG prend ses cliques et ses claques, pour aller faire un nouveau set à la Maison Hantée. En intérieur. Sur le billard. L’Artiste ne joue qu’en altitude…
Articles récents

Laisser un commentaire

Me contacter

Je vous recontacterai si je veux !

Non lisible? Changez le texte. captcha txt

Warning: Undefined array key "quick_contact_gdpr_consent" in /home/clients/1e145a7d46f765c8738e0100b393cc07/130decuy/wp-content/themes/jupiter/views/footer/quick-contact.php on line 50
Lucie dans le Ciel. Lollipop Music Store. 07/03/2025