Le fatigué
Une carcasse d’homme-épave
Au teint cachou
Une notoriété zouave,
Lui pend au cou.
Sur son front passe une colère
Senteur bourbon,
Il tangue comme une galère,
Il est rond.
Les sourires autour se moquent,
De cette estrasse
Certains rient comme des phoques
Quand il passe.
Les barricades dans sa tête,
Font blindage
Et le garde dans une fête
D’un autre age.
Quand sa jeunesse badine
Le rendait fort
Imprégnée de joie divine
Sans peur de mort.
Seul avec son coeur amoché,
Maintenant vieux
Il n’est bon qu’à être arraché
Jusqu’aux yeux.
De rancunes malheureuses
Son corps est fait
Privé d’histoires amoureuses
Il se sent laid.
Sous ses sourcils son air vautour
Prêt à haïr
Cache un esprit en mal d’amour
Preferant fuir.
Peut-il seulement se l’expliquer,
Ce mal de vivre ?
Mieux vaut toujours se détraquer
Et rester ivre.
Autant passer pour une tanche
Dans son quartier
On dira qu’il n’est plus étanche
À quoi bon nier ?
La réputation d’un raté
C’est son destin
C’est préférable de squatter
Entre copains.
Sous les platanes de la place
On est très bien
Entre compères de mélasse
On attends rien.