Les désœuvrés
Les désœuvrés
les recalés
ivres de bières fortes
et assoiffés de poésie
qu’ils ne trouvent jamais
dans les couloirs de la ville.
Les ramassés,
les fatigués,
en mal d’amour,
trop remplis de passion
crue et informulable
dans leurs cœurs encrustrés.
Les incrustés,
les estrassés,
tels des primates chus
de leurs palmiers de pierre,
encore étourdis
d’être toujours conscients.
Les concassés,
les estropiés,
sous les platanes,
regardent passer
tous les normaux sans cerveau
pour pleurer.
Les bastonnés,
les tuméfiés,
restent assis
sur la marche des trottoirs,
à chercher des charmes
dans le caniveau.
Les insensés,
les écartés,
préfèrent se noyer
dans des cratères d’alcool
pour s’absoudre
du bon sens.
Les édentés,
les mal rasés,
le fond de culotte
souillé,
passent leur temps à sentir
la vie passer.
Les putréfiés,
les décédés,
enfin calmés
au fond des caveaux,
se changent en gaz
parfait.