Lucie dans le Ciel. Lollipop Music Store. 07/03/2025

 Dans Chroniques de concert

Lucie dans le Ciel est descendue sans ses diamants, mais avec ses kaléidoscopes. Je l’ai vu amerrir dans la rade avec ses bagages, son ingeé son Théo, et son nouvel album sous le bras. Elle a descendu le Cours Lieutaud, puis est entrée dans le Lollipop Music Store, où je noyais mon ennui de vivre dans le Coca. Elle s’est posée sur un tabouret entre deux claviers, un nordstage rouge et un moog. Les souvenirs n’ont pas tardé. Nous nous étions déjà croisés. Le spectacle a commencé.

Le moog ronronnait. De leurs tendons surentraînés, les doigts parcouraient les touches du nordstage. Telle Uhura, la randonneuse des etoiles, elle tournait des potards, changeait de fréquence, établissait des relations avec les vaisseaux spatiaux à proximité. Son chant d’amour, aux notes claires, évoquaient les belles journées et les nuits d’insomnies, il y flottait des garcons, le temps qui passe, la mer immortelle. À ce moment là, si Lucie avait été portraitisée sur une mosaïque, elle aurait porté la toge, et le nordstage se serait substitué à la lyre. Une sorte de futur antique.

À l’oreille, j’entendais de l’electro (pardonnez moi pour ce jugement vulgaire) d’une extrême sophistication. Sous un aspect discret et logarithmique, les motifs de batterie atteignaient un paroxysme d’élaboration.
Bien que tout fut coordonné à la perfection, aucune mesure n’était semblable à la précédente. Le shaker, le charley,la caisse claire, la grosse caisse, tous s’y déplacaient d’un pas à la fois, légers, subtils. Dans mon esprit épais de batteur, ils avaient la cadence d’une danse, et leurs coups s’enfuyaient en riant dès que je tentais de les saisir avec mon cerveau. l’aspect symétrique de la musique synthétique était déconstruit brique après brique, et se sont les palpitations d’un cœur humain qui s’entendaient, comme si on avait posé son oreille sur la surface d’une poitrine.
Délicatesse, élégance dans la composition, là où bien des esprits forts, inventeurs du fil à découper l’eau chaude, se doucheraient de copier-coller agencés avec la hâte de la facilité. Ses kaléidoscopes, elle me les a planté dans les tympans

À la fin du showcase, je suis allé la féliciter. Elle m’a offert un cd. Dehors, l’humidité rôdait dans les rues, comme une meute de barracudas, mordant tous les os à sa portée. Les bagnoles connes fonçaient dans le tas, les valides dégoulinaient de partout. La pente de la rue des bergers prenait des allures d’escalade. Si seulement j’avais pu voler comme Lucie.

Une fois rentré, j’ai mis le disque. Sur la pochette, de dos elle traçait dans la brume a travers les herbes hautes. J’ai imbibé un mouchoir d’éther et inspiré tout le liquide d’une puissante aspiration de narine. Avec le son et le solvant, je me suis retrouvé dans un paysage pastoral, où au milieu des champs. Vastes étendues de blés, clairsemées ça et là d’un arbre plein de vieille magie. Le vent carressait les épis, et le soleil naissant, réverbéré dans les plantes, aveuglait les alentours Lucie et ses amies esprits agraires invoquait l’astre brillant, le faisant monter à la faveur de leurs bras levés. Heureusement ce n’était pas Midsommar, elle était chargée de fleur, mais personne n’avait l’intention de faire de moi un aigle de sang. C’etait juste pastoral et jonché de cercles de culture extraterrestre. J’ai un entendu le bruit d’un faisceau tracteur, il s’agissait du moog de Lucie dans le Ciel.

Super set, intime et puissant !

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