No Jazz Quartet + Catalogue (Lam, Marseille 30/06/2023)

 Dans Chroniques de concert

Un hélicoptère passe au dessus des canyons de béton, puis deux, puis trois. Chacun vole avec lenteur, scrute, verifie, stationne, éclaire, produit un son de moustique trop gros, persistant et agaçant.

La ville est mise en scène pour que le citadin/spectateur/acteur se sente comme dans une dystopie à la mode. Nous sommes en guerre, nous sommes en guerre, nous sommes en guerre, martèle le presid’ordre, et il appuie sur un bouton pour que les sirènes résonnent dans les couloirs de la cité. Les petards ont des tonalités de bombes. Les ennemis de la démocratie rôdent sur les places. Il ne manque plus que la réalité pour se croire le héros d’une fiction bas de gamme.
Au milieu de l’actualité qui brûle, le LAM s’occupe de sa vie. Les gens payent leur entrée pour le concert, s’achètent à boire au comptoir, fument des cigarettes sur le trottoir nain de la rue étroite, frolés par des voitures pleines de dingues. Tout le monde se salue, c’est une bande d’habitués. Il fait une chaleur à crever.
No Jazz Quartet se met à jouer, ambiance club Silencio. Une atmosphère de caverne arctique, mais chaude comme une colère sourde. Le guitariste côté jardin est un jeune punk innocent. Le guitariste côté cour danse sur des serpents. La bassiste a des lunettes noires pour voir dans la nuit. Le batteur, quant à lui, est marxiste. La musique est proteiforme et grasse, sa calandre est en distortion, son chassis en danse, ses roues libres, son moteur en tigre. Au Club Silencio, tu ne peux pas croire tes sensations, tu ne te rappelle plus qui tu es, et si seulement tu pouvais, tes souvenirs seraient biaisés, alors tu n’as plus qu’a te secouer sur ton cou et sur ta tête, et à profiter du voyage.
Le final du recital est une suite pour politique du pire : élections ,manifestations, chômage, révolution. Executée avec l’excellence du désespoir. C’est beau comme un peuple qui renverse le pouvoir.
Catalogue prend ensuite son tour de garde, faisant front à l’auditoire comme de l’infanterie de ligne. Disciplinés, ils ne reculent pas d’un pouce, ajustent leurs baïonnettes et tirent, soutenu par l’artillerie rythmique qui pilonne sans cesse les positions du public. Le gaz gothique à raison des plus coriaces. La danse se répand comme une traînée de poudre dans les tranchées. Blitzkrieg de haut vol. Fin du show.
Retour maison. Ça sent la lacrymo et la guerre. Les passants du soir se promènent comme d’habitude. Il y a des bruits d’explosions. La lune est quasi pleine. Les détonations sont de plus en plus grosses, les sirènes de plus en plus faibles. Le présid’ordre de plus en plus [bip].
Très bonne soirée !
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