Quand je m’ennuie, je fais des vers.
La musique, légère comme une mésange
Soulève les âmes et les sort de la fange
Avec son instrument, travailler dans l’effort
Savoir jouer vaut tant que la petite mort
Répéter les sons pour que la transe vienne
Réveiller les chaleurs de nos pulsions anciennes
La musique ranime les corps engourdis
Denoue les muscles las et les cerveaux raidis
Muse paradoxale, affreuse et tentante
Fruste, gracieuse, primaire, élégante
Sautillements idiots une force animale
Ce n’est que le chant de la parade nuptiale
Pour l’auditeur primal. Mais l’approche sérieuse
Rendra l’artiste esclave d’une maîtresse odieuse
Qui l’enchaînera à des heures de travaux
Le fouettant de plaisirs et de grisant maux
La somme de tout ces eseullants supplices
Distillera quelques gouttes de délices
Qui n’auront pas de prix dans ses veines rogues
Aussi délicieuse que la meilleure drogue
Et qu’il distribuera à tout ceux qui souffrent,
De savoir que leur vie est au bord d’un gouffre
Ils auront le bonheur de partir pour cette île
Où la pensée stoppe, ou l’on devient debile :
L’Oubli. Des cités grises aux palais à charmilles
Quand la musique est là, la fête déshabille
Les cerveaux et les membres. Jus de la moiteur
Dégouttant du plafond, orgie de vain bonheur.
Passée l’exultation, l’endorphine est amère.
La musique après tout, n’est qu’un cache-misère.
Alors, pourquoi éveilles-tu tant splendeurs
En moi, quand seul ici, je berce ma douleur ?
C’est parce que je t’aime, en mon âme et conscience.
Souffle dans mon ouïe tes secrets de prescience,
ta salive sucrée, et ton language rond.
Pour un instant absous mon cœur de tâcheron.