Skeletor a une touche

Incroyable mais vrai, Skeletor est au lit avec une femme ! De sexe féminin ! Vivante ! Consentante ! Et avec, devinez qui ? Rien de moins que Démonia ! Déjà qu’en cette période de confinement, c’est quasiment impossible de rentrer en contact avec un peu de chaleur eternienne… Pour Skeletor, c’est la Saint Phophoque avant l’heure.
Comment cela est-il arrivé ? Eh bien, poussé dans les derniers retranchements de la claustrophobie, n’en pouvant plus de tourner en rond dans son living-room, Le Terrible Terroriste a pris ses cliques et ses claques. Sans attestation, sans masque et sans Panthor. La rumeur lui était parvenue qu’un bar clandestin, le sli-bar, continuait ses activités malgré l’interdiction, juste à quelques rues de chez lui. C’est donc là que le Culbuto de la Cruauté s’est rendu. Il s’est assis au comptoir, et a commencé à scientifiquement se gnasquer le crâne.
C’est bien amoché par le whisky-cognac-suze qu’il la vue. Elle est entrée telle une apparition, fine, délicate, élégante, ravageuse… Arrogante de formes et auréolée de lumière. Leurs regards se sont croisés. Elle lui a sourit, lui a essayé de sourire également, mais sans muscle ni peau sur le visage, difficile. Alors il s’est contenté de faire claquer ses mandibules, comme un dentier sauteur. Ils ont bu un verre ensemble, discuté, plaisanté, puis un deuxième, braillé, blagué, puis un troisième, ânonné, débilisé, puis un quatrième… Ensuite, tout est devenu flou. Est-ce que ses lèvres ont rencontrée sa denture ? Peut-être. Subsiste un vague souvenir de frottements, mais quoiqu’il en soit, Skeletor est à présent sous l’édredon avec son fantasme d’adolescent. C’était une bonne idée de se garder pour ce moment pendant toutes ces années. Maintenant elle est lovée contre son dos, affectueuse et câline. Tant de pillage et de massacre, de haine et de colère inapaisables… En fait, tous ce dont’il avait besoin, comme nombre de dictateurs, c’était de ça : un gros câlin. Enfin un peu de calme, et beaucoup de brouillard.

-Tu es sûre qu’on a fait l’amour ? chuchote le Crâne Jaune de la Passion.
-oui, oui, fait la voix derrière lui.
-Aaaah.. *ouk!**ouk!**ouk!**ouk!* Entends-tu les phoques tomber ? dit-il, l’âme éthylique et poétique.
« Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D’une vaste prison imite les barreaux,
Et que des phoques bruyants d’infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux… »

Sous la couette, on est bien au chaud ! Hé mais qu’est-ce que tu fais ?!

Le Punisseur Patibulaire vient de sentir un index poser un chose molle sur son triceps.

-Bah, ben je te colle une crotte de nez.
-Quoi ?! Une crotte de nez !!! Mais c’est dégoûtant ! glapit Skeletor en s’essuyant le bras frénétiquement. L’étreinte de sa maîtresse se fait plus forte, plus amoureuse, l’empêchant de se retourner.
-Ouihihi, t’es trop rigolo, mon p’tit crâniouchou, je t’adore… *baillement* Pfouh, j’ai sommeil… Tu veux pas nous mettre une petite vidéo pour s’endormir ?
-Euh, oui bien sûr… dit Skeletor en se tortillant pour attraper la tablette sur sa table de nuit. Que veux-tu que je mette ?
-« Faites entrez le taré », je raffole de cette émission. La voix de Christophe Chondelatte me plonge dans des torpeurs abyssales.
-Hem… Ok, d’a… d’accord… Attends une minute, je vais sur TuTube… Que veux-tu écouter ?
-Qu’est-ce qu’il y a ?
-Hum… « Le château Magique de Michel Fourniret »
-Non. Déjà entendu.
-« Francis Heaulme, sweet Heaulme. »
-Pareil, passe.
-« La Jolie Balade de Guy Georges »
-Bof, ennuyeux.
-« Meurtre à la Brochette »
-Ouais ! Ça à l’air super ! Envoie !

*Tudu tudu tududududu, pouc pouc shplonshplon draaah* (générique de « Faites entrer le taré »)

« Tout avait pourtant bien commencé en ce début d’après-midi *ptoïng* Toute la famille s’était réunie autour d’un barbecue, et l’ambiance était de prime abord festive *ptoing* Personne n’aurait pu deviner le drame qui allait se dérouler dans ce petit jardin de Parmonz-Éparvaux *ptoing*…»

-Mais… Qu’est-ce que c’est que ces *ptoing* bruits bizarres ? demande Skeletor, interloqué. Je sens quelque chose qui me chatouille les épaules…
-Rien *ptoing* Je m’arrache juste les poils de [bip] et je les pose sur toi.
-Tes poils de [bip] !!! Aaaah, c’est affreux !!! Arrête ça tout de suite !!!

Gloussement de la conquête du soir.

-Hihihihi, mais t’es un douillet toi, hein ? Hinhinhin ! la sylphide hilare se met à frictionner vivement l’os pénien du Conquérant Cataclysmique en lui hurlant de son souffle alcoolisé dans le conduit auditif. C’est une petite coquillette molle ça, grrr, gnap ! Et de mordre le dos de Skully.
-Ouille, ça fait mal !
-Huhuhihihihihu.

Comprimé à mort comme une peluche préférée dans les bras d’une petit fille, notre héros ne peut pas s’échapper. Heureusement, le pouvoir narcotique de l’émission fait son effet, et progressivement, l’emprise se desserre. La belle s’endort. Skeletor se laisse bercer par le fait-divers sordide…

« Ambroise-Isidore et son épouse Bactérie préparent un méchoui, en présence de leurs vingt-sept enfants. Assis derrière le brasero qui doit servir à la cuisson, Ambroise-Isidore critique la manière de Bactérie de découper la viande. Et là, c’est le drame. Rendu furieux par la réplique de son épouse, il lui lance une brochette qui l’atteint à la poitrine, et lui perfore le poumon gauche. Transportée à l’hôpital Tamal Aupatt, la malheureuse ne tarde pas à succomber d’une hémorragie interne éclaboussante… »

-Ronnnfll… ZZZ…

Le lendemain matin, réveillé par une migraine intense, les os pâteux et l’haleine fétide, Skeletor reprend conscience. La présence d’un corps chaud contre lui l’émerveille… Pour une fois, il n’a pas rêvé ! Son amour impossible est bien là ! Tendrement, amnésique de la veille, il se retourne vers sa belle.

-Hello, ma jolie. Tu as bien dormi, DémoniaaaaAAAAAHHHH ??!!! hurle-t-il à la vision du grand gros gras groin flétri et hirsute, tendrement blotti contre lui.

-Ah non, moi c’est Baygonia. Démonia c’est ma petite soeur.
-Ta petite soeur ! Mais alors j’ai… Tu as… Nous avons…
-Rien fait du tout, mon roudoudou. T’étais tellement fait que ton petit soldat à refusé de se mettre au garde à vous. Il ne s’est pas passé grand chose cette nuit.
-Ce n’est pas possible, ce n’est pas vrai… Comment ai-je pu… Avec une… un… Truc comme toi ?
-Ah ben merci, c’est charmant, dit Baygonia, pas contente, en sortant du lit. Comme je te l’ai dit, on a rien fait, goujat. Avec la pub que je vais te faire auprès de ma frangine, c’est pas demain la veille que tu vas perdre ton pucelage, pauv’type ! Ah, et au fait, elle aussi s’arrache les poils de [bip].

Et sans autres vêtements que sa dignité froissée et son pelage velu, Baygonia part en claquant la porte. Notre ami, stupide et vierge, n’a plus que ses orbites pour pleurer.

-Nooon, c’est pas juste… Garder mon calme… Contenir… la… rage…. zeeeenn… où est mon bâton de Havok ? Je vais faire un petit tour dehors… Hum… Acheter des croissants… ET TOUT DÉMOLIR !!!

Pauvre Skeletor.

(inspirachon : Gina Bortolazzo)