Skeletor aux sports d’hiver

 Dans Skeletor confiné

*keuf!* *keuf!* *teuf!* *raaahh…*
-Morbleu, c’est la panne !
-Miaow.
-Oh non, si près du but !!!

Quelle est cette scène dont nous sommes les témoins ? Il faut remonter quelques jours plus tôt pour l’expliquer. Après avoir vu la trois-cent-soixante-millième rediffusion télévisée des « bronzés font du ski », Skeletor a été saisi de l’irrésistible envie de partir au sports d’hiver. Sans moyen de locomotion et réfractaire aux transports en commun, il a réussi à persuader son copain Napoléon Bonesapart (dit « Boney ») de bien vouloir l’emmener lui et Panthor à Val JackThorens, station fameuse, construite sur un ancien cimetière indien. Convaincre Boney a été simple, Skeletor l’a juste menacé de le pulvériser. Napoléon souffrant de SEP (Squelette En Plâtre), une simple bourrade suffit à le réduire en poussière.
Et ainsi, leurs affaires chargées dans la Lada 1200 break de Bonesapart, les trois larrons sont partis à la montagne. Pour éviter les contrôles routier, resserrés en ces temps de virus, ils ont uniquement emprunté les chemins vicinaux. Résultat, dix-huit heures pour faire trois-cent cinquante kilomètres. À cinq bornes du but, en pleine tempête, la pauvre Lada de 1973, éreintée, vient de tomber en carafe. Nous revenons donc au début de cet épisode.

-Comment on va faire, il neige à pierre fendre, on y voit goutte, nous sommes perdus ! gémit Boney, d’un naturel inquiet.
-Pas de panique, mon p’tit tas d’os en sucre, je vais prendre tout notre bazar sur mon dos, pour le reste, j’ai un plan…
Skeletor descend du tacot, ouvre la portière à Panthor, récupère les affaires et les empile avec aisance sur ses solides deltoïdes.
-Maintenant regarde, Napo. Cherche la station, Panthor, cherche !

En un éclair, l’animal gravit les flancs de la montagne en bondissant, disparaît dans le blizzard. Boney se met les métacarpes sur la tête.

-Sacrebleu, elle s’est enfuie !
-Meuuh non, rassure le Rudo Numero Uno. Tu vois les grosses taches noires, là bas, dans l’enfer blanc ? Ce sont les crottes de Panthor, elle en fait tous les cinq mètres. Au pire, on les repère facilement à l’odeur. Il n’y a plus qu’à les suivre, et on sera à la station en deux temps, trois mouvements. Alors, comment tu la trouves, mon idée ?

Boney Aime.

-Ma ma ma ma ! bégaye-t-il, époustouflé, nous sommes sauvés !

Quelques heures plus tard, le trio arrive sain et sauf au pied de la station. La neige à cessé de tomber.

-C’est étrange, dit Boney, c’est le milieu de l’après-midi, mais il n’y a personne sur les pistes… Et les remontes-pentes semblent immobiles.
-Tu as raison c’est bizarre… Mmm… Voilà une passante, ça a tout l’air d’être une locale. Pardon madame, excusez-moi de vous importuner, mais auriez-vous l’obligeance de m’expliquer pourquoi il n’y a pas de skieurs ?
-Et té, vé, pute borgne, peuchére, con, vous n’avez donc point entendu les dernières allocutions du grand chambellan John Casseutêteu ? Les stations de ski sont ouvertes, mais pas les remontées mécaniques, c’est la ruine, la cata, bonne mère, vier, fan de chirchourle de sardinade au pastisseu !
-Grmbl, nous voilà fins. Tsss… Allons checker à l’hôtel, je suis épuisé. Ma seule envie, c’est de m’allonger sur un lit…
-Moi aussi…
-Miaw…

« À la marmotte qui fuit », auberge deux étoiles, une accorte réceptionniste attend derrière le comptoir. Skeletor s’avance en roulant des mécaniques.

-Ola, jeune demoiselle, nous avons réservé une chambre.
-Oui, et vous vous appelez ?
-Skeletor, et vous ?
-…
-Skeletor avec un S comme Skeletor…
-Desolé, je n’ai rien à ce nom.
-Hemm… Euh… Alors Napoléon Bonesapart ?
-Non plus.
-Errrr… Panthor ?
-Nada.
-Gsfxlz… Je… Je suis sûr qu’il y a du jambon cru de montagne. Vous saviez qu’ils tuent encore le jambon cru eux-mêmes ?
-…

Plus tard, en descendant les marches extérieures de l’hôtel.

-C’est toi qui devait t’occuper des réservations.
-Non c’est toi.
-Non, toi !
-Toi !
-Toi !!!
-Pfff, ça ne mène nulle part, laisse tomber. Tu es vraiment le Jean-Claude Duss des morts-vivants, mon pauvre Skully… Tes répliques de drague… Aff-li-geant ! Rassure moi, tu es déjà sorti avec une fille une fois dans ta vie ?
-Mais…Mais évidemment, bredouille Skeletor, même que j’ai vécu avec une femme, et puis, au bout de 48 heures, elle a décidé qu’on se séparerait d’un commun accord. Alors j’ai pas bien supporté. J’ai même essayé de me suicider… J’ai mis l’adagio d’Albinoni, j’ai avalé deux tubes de laxatifs et puis hop ! j’ai perdu 16 kilos et ma moquette.

Boney ne répond pas, lève les orbites au ciel…

-C’est bien gentil de se moquer de moi, reprend le Fléau d’Eternia, mais maintenant, on va dormir où ? Je te préviens, je ne dors pas dans ta Lada, c’est bien trop petit.
-Tranquille, Émile, j’avais pensé à prendre ma tente Quechuasse, au cas où. Elle est assez grande.
-C’est vrai Boney ? Tu nous laisserais dormir dedans ? T’es trop sympa.
-Bien sûr que je vous laisserai dormir dedans, même, je te la donne. Je te donne ce que j’ai, ce que je vaux, mes dons mes défauts, dit Bonesapart.
-Youpi !
-Miaw !

Crépuscule. Le ballon solaire se dégonfle sur la pointe d’une montagne. Frigorifiés, Panthor et Napoléon cherchent de la chaleur auprès du feu de camp qui crépite faiblement devant la minuscule tente, installée au dessus du village. Skeletor arrive en chassant la poudreuse, des sacs de commission dans chaque main.

-Haut les coeurs, les campeurs, voici les victuailles !
-Enfin ! dit Bonesapart. Qu’est-ce que tu as pris ?
-Vin blanc, beaufort, comté, gruyère, emmental. Ce soir, c’est fondue. On va se ré-ga-ler.
Boney se pétrifie.
-Fon…fon…fon… fondue ?
-Ben ouais, quoi ? Ça va pas ? Il n’y a pas de casserole ?
-Mais tu n’as pas vu, sur BFM TV ? Ils ont dit que la fondue pouvait transmettre le virus666 !
-Mouhahahahahaha, tu crois à ce que raconte Balivernes Franchement Mauvaises ? Muhuhuhuhu, et puis quoi encore, allez, fais nous chauffer ça plutôt…

Napoléon s’exécute, un peu honteux. Quelques minutes après, c’est prêt. Skeletor ricane encore.

-Mon cher Boney, tu es d’une crédulité ! La fondue, contagieuse… Pfff, c’est comme si je disais que la station était maudite à cause du cimetière indien sur laquelle elle est construite. Oula, elle est collante, cette fondue, dit le seigneur du supplice en retirant sa fourchette.

De longs filaments de frometon relient le morceau de pain au ramequin. Skeletor essaye de les couper d’un geste de l’index, mais la substance s’accroche à son doigt, créant de nouveaux filaments.

-Aarg ! dit l’affreux bleu.

Plus il se débat, et plus il se transforme en pelote de lait coagulé. Intriguée, Panthor vient mettre sa truffe au milieu.

-Panthor, non !!!
-Kaïïï !!!

La panthère est prise au piège gluant, comme une mouche dans une toile d’araignée.

-Boney, aide-nous ! Au secours !
-J’a…j’a…j’arrive. Aïe ! Sapristi, c’est chaud !
-Hiiiiiii !!!

Sous l’effet de la chaleur, les ossements de Bonesapart se dissolvent, et se mélange à la solution lactique.
Effroi. Plus ils tentent de se dégager, plus Skeletor et Panthor s’emberlificotent dans la fondue, jusqu’à former une énorme sphère puante, qui finit par dévaler la montagne, accumlant sur elle la neige, comme l’effet boule du meme nom. Le gros globe rebondit jusqu’en bas de la vallée, où il se plante dans une étang, telle une île flottante dans la crème anglaise…

-Alors ? demande le Chambellan John Castête au préfet, tandis que les gyrophares gravitent au pied de l’orbe de flocons.
-Que Raptor Jesus soit loué, il n’y a pas de victimes et aucun dégât, à part une lada pourrie. On peut dire que l’esprit des indiens massacrés nous a sauvé les fesses !
-Et Skeletor ?
-On a réussi à le désencastrer de la fondue, avec sa panthère. Pour son copain, ça va être plus compliqué, il va falloir le ramasser à la pince à épiler, ce qui risque de prendre un certain temps. Qu’est-ce qu’on fait d’eux ?
-Bah, vous me les emballez de bandelettes et vous les faites dégager. Gardez cette boule de neige géante un maximum de temps, rajoutez des guirlandes et un saint Phophoque en néon. Les eterniens seront curieux de voir ça et ne penseront plus à faire du ski. Les stations sont sauvées pour la saison…

On emmène Skeletor et sa bête, tout tordus, sur des civières.

-T’avé ka fair 2 la raklet’, dit Musclor alors que les brancards passent sous son nez.

-Aïe… Ma pauvre Panthor, au moins, on aura descendu une pente, relativise le sorcier d’azur, ouille…
-Mi…aaawww…

Pauvre Skeletor.

(Inspiration : Gina Bortolazzo)

Articles récents

Laisser un commentaire

Me contacter

Je vous recontacterai si je veux !

Non lisible? Changez le texte. captcha txt

Warning: Undefined array key "quick_contact_gdpr_consent" in /home/clients/1e145a7d46f765c8738e0100b393cc07/130decuy/wp-content/themes/jupiter/views/footer/quick-contact.php on line 50
Une journée de SkeletorSkeletor reprend ses études